Wauquiez à Dupont-Aignan : c’est non !

Wauquiez Dupont-Aignan

C’est non. Laurent Wauquiez a refusé la proposition de Nicolas Dupont-Aignan d’une union de la droite aux élections européennes afin d’offrir aux Français une alternative à la politique d'Emmanuel Macron sur des bases claires et idéologiques. C’est Le Figaro qui a révélé cette fin de non-recevoir du président des Républicains au président de Debout la France. Une surprise ? Pas vraiment.

Les raisons avancées par Laurent Wauquiez ? "Nous refuserons toute alliance électorale aussi bien avec le Rassemblement national qu’avec En Marche […] Lors du second tour de l’élection présidentielle, vous avez fait le choix d’apporter vote soutien à Marine Le Pen…" C’est donc le péché originel de Nicolas Dupont-Aignan qui le condamne à tout jamais à l’excommunication. On pourrait se dire que Laurent Wauquiez tombe, comme tous les chefs du RPR, de l’UMP puis des LR, dans le piège tendu jadis par Mitterrand et la gauche. Le Front national n’est pas fréquentable et qui s’y frotte, ne serait-ce que du bout des doigts, est à tout jamais exclu du jeu politique « normal », sauf à faire repentance. Et Dupont-Aignan ne fait pas repentance.

Mais non, ce n’est même pas cela. Le prétexte de ce refus de Wauquiez à Dupont-Aignan ? Avoir fait le choix de Marine Le Pen... "en dépit de son programme de sortie de l’euro et de l’Union européenne qui serait un désastre pour la France dont le coût pèserait d’abord sur son peuple..." Un prétexte somme toute assez étrange, décalé dans le temps et sur le fond, pour ne pas dire fallacieux. D’abord parce que Marine Le Pen et le Rassemblement national ont évolué sur cette question de l’euro. Ensuite, parce que Laurent Wauquiez ne manque pas de culot, lui qui prônait, en 2014, le retour à une Europe des six ou qui déclarait, plus récemment, en juin dernier, dans une interview aux Échos, qu’il fallait "faire un Grand Soir [rien que ça !] des compétences" de la Commission et des États. Marine Le Pen dit-elle autre chose, du reste, lorsqu’elle conteste que ce soit des personnages non élus qui gouvernent l’Europe ?

Curieuse échappatoire, donc, pour Laurent Wauquiez, que celle d’invoquer des questions économiques et monétaires pour exclure à jamais toute idée d’alliance à sa droite ! N’y a-t-il pas des questions plus fondamentales qui méritent de passer par-dessus les questions économiques, sans vouloir évidemment les minimiser ? Un programme économique s’amende, se corrige, se discute autour d’une table. Jadis, même les communistes réussirent à s’entendre avec les socialistes et les radicaux : c'est dire... On n'excommunie pas sur un taux d'intérêt !

Mais cette échappatoire permet à Laurent Wauquiez de masquer ses propres incohérences. Car sur la question essentielle de l’identité, de notre civilisation européenne, menacées par le mondialisme exacerbé et son corollaire, l’immigration extra-européenne de masse, Laurent Wauquiez affiche une ligne très proche de celle tenue par Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan. Difficile, alors, de diaboliser sur cette question quand on tient un discours similaire ! Alors, va pour la question de l’euro qui n’est pas d’actualité…

En fait, Laurent Wauquiez ne pouvait accepter la proposition de Nicolas Dupont-Aignan. Pour une logique d’appareil évidente. Pesant, à ce jour, 15 % dans les sondages, les places éligibles promettent d’être chères, et qui dit liste d’union dit sacrifier des amis pour faire de la place aux alliés. Mais aussi parce que Laurent Wauquiez, en essayant de tenir une position centrale à droite et en ne sortant pas de son ambiguïté, symbolisée par les vestales Pécresse et Morano, peut ainsi attendre de voir où penchera la balance le jour venu. Laurent Wauquiez ne s'intéresse par au grand mouvement patriote ou populiste qui traverse actuellement l’Europe. La seule chose qui compte : objectif 2022. Mais entre-temps…

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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