Vœux d’Emmanuel Macron : un exercice ni pire ni meilleur que beaucoup d’autres

macron voeux 2019

Les vœux du président de la République.

Debout pour montrer de l'allure. On ne reste pas assis devant le peuple.

Un discours trop long mêlant satisfecit, souhaits généreux et généraux, considérations sociologiques et analyse psychologique. Une volonté de donner ou de redonner confiance à la France.

Trois exigences, selon lui : vérité, dignité et respect.

La manière dont il les a abordées est difficilement critiquable - sauf un passage superfétatoire sur les fausses nouvelles ! -, de même, d'ailleurs, que le choix de ces vertus publiques et privées fondamentales. Il n'empêche qu'il s'est heurté implicitement, faute d'avoir eu l'audace de les affronter à cœur ouvert, au souvenir de certaines péripéties de 2018 qui ont démontré, et encore tout récemment, de la part du pouvoir, la violation des règles énoncées par le Président.

Vérité, dignité et respect : qui n'a pas immédiatement pensé que c'était d'abord à Emmanuel Macron, à ses collaborateurs et à son gouvernement de cultiver et de magnifier ces valeurs ?

On est resté sur notre faim, tant l'exercice de contrition a été à peine allusif, voire inexistant. Il a dénoncé les violences et excès des gilets jaunes sans les nommer. Il a rendu hommage aux militaires et aux forces de l'ordre, et c'était normal.

Je n'ai pas eu l'impression d'écouter un propos aussi dramatique et volontariste que l'année écoulée l'aurait mérité.

Rien n'était faux ni malséant. L'humanisme était au rendez-vous. L'avenir sera souriant si nous ne doutons pas de nous avec notre Président qui croit en lui et en nous.

Il n'a pas seulement fustigé les odieux gilets jaunes. Pour tous les autres, ceux dont il a été obligé de reconnaître la légitimité, la justice sociale et la validité humaine du combat, il n'a pas été maladroit dans son expression. Il a usé du "nous" comme s'il n'avait pas été dépassé par les événements mais se les était appropriés. Un nous comme un hommage tardif. Presque une usurpation.

La tradition a été respectée. Exercice ni pire ni meilleur que beaucoup d'autres. Le Président ne reprendra pas la main mais j'ose espérer qu'il arrêtera sa dégringolade.

Inquiétude ultime: il a exposé sa politique, celle qu'il a menée et qu'il s'engage à continuer, mais a-t-il convaincu les Français de la nécessité de la mettre en œuvre avec le Président qu'il est ?

Je n'en suis pas sûr et pour 2019, sans tomber dans le défaitisme, j'ai peur pour la France et pour lui.

Philippe Bilger
Philippe Bilger
Magistrat honoraire - Magistrat honoraire et président de l'Institut de la parole

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois