Virginie Calmels, maillon faible de la télé-réalité des Républicains ?

Ce n’était plus qu’une question de jours : ce dimanche dernier, Virginie Calmels, numéro deux des Républicains, a été remerciée par Laurent Wauquiez. "J’ai cru avec sincérité à sa volonté de rassembler", explique-t-elle en parlant de celui qui a été élu, dès le premier tour, à la tête du parti avec 74,64 % des suffrages ; signe que le « rassemblement » en question était tout de même bien entamé.

Virginie Calmels est-elle si sincère qu’elle le prétend ? Si tel est le cas, c’est inquiétant quant à sa vivacité intellectuelle, sachant que le « rassemblement » de la droite et du centre droit qu’elle appelle de ses vœux a eu lieu, mais mis en œuvre dans un autre mouvement : La République en marche. Ce qui explique aussi pourquoi Laurent Wauquiez s’échine, aujourd’hui, à reconquérir le terrain perdu sur sa droite au profit du Rassemblement national, ex-Front national. Qu’il y parvienne ou non est une autre histoire, mais s’ils ne veulent pas disparaître de la scène politique, les lointains héritiers du RPR n’ont plus guère d’autre choix, ce que Virginie Calmels ne veut pas comprendre ou fait semblant de ne pas comprendre, elle qui assure que "ce n’est pas parce qu’Emmanuel Macron penche vers nos idées qu’on doit se déporter plus sur la droite". Oui, mais cette « droite », c’est tout ce qui demeure des Républicains, ceux qui penchaient du côté de Macron s’étant justement « déportés » chez Macron…

"Depuis son élection, Laurent Wauquiez démontre au fur et à mesure qu’il semble être uniquement là pour défendre sa propre ligne. Il estime qu’il ne doit son élection qu’à sa seule personne", note-t-elle encore. Là, Virginie Calmels fait manifestement allusion à son ralliement tardif à l’actuel patron des Républicains. À ce sujet, Guillaume Tabard note finement, dans Le Figaro : "Le soutien de Calmels a été symboliquement important pour Wauquiez. Mais sans lui, le score de l’ancien maire du Puy aurait été quasiment identique, alors qu’elle, sans cet accord, n’aurait jamais été numéro deux de LR. C’est elle qui avait le plus gagné, c’est donc celle qui avait le plus à perdre."

On voit qu’en matière de stratégie, Virginie Calmels a été à bonne école avec Alain Juppé, « le meilleur d’entre nous », comme l’avait prétendu un Jacques Chirac n’ayant même pas l’excuse des propos d’après-boire. Et de mettre, comme d’habitude, son infortune sur le compte de sa sensibilité « centriste et humaniste », ce qui ne mange jamais de pain.

Dans le registre de celle qui se prend pour une colombe en politique, il y avait déjà eu Nathalie Kosciusko-Morizet, naguère caution « humaniste et centriste » de Nicolas Sarkozy – ce, avec le succès éclatant qu’on sait –, mais, au moins, cette dernière venait-elle de Polytechnique, alors que Virginie Calmels a été formée à une tout autre école : celle d’Endemol.

Pour ceux qui l’ignoreraient encore, c’est à cette société hollandaise que l’on doit des œuvres majeures du patrimoine humain telles que "Secret Story", "Loft Story", "Star Academy" ou "La Ferme Célébrités", toutes émissions rendant gloire à la langue de Molière et à sa syntaxe. En 2007, c’est ainsi Virginie Calmels qui en prend la direction française, avant d’être promue à sa direction mondiale cinq ans plus tard, tout en ayant été nommée, en 2013, à la tête du Conseil de surveillance d’Eurodisney. Qui dit mieux, en matière de brevets d’humanisme et de mieux-disant culturel ?

En attendant, c’est la loi du genre, en télé-réalité politique : il y a toujours un maillon faible qui se fait dégager en cours de saison. En la circonstance, Virginie Calmels a une assez belle tête de "winneuse", comme on doit "speaker" chez Endemol.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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