En France, il semble exister encore des endroits sur lesquels l’air du temps n’exerce pas de prise. Luynes, par exemple, jolie bourgade du Val-de-Loire, aujourd’hui rattrapée par son époque.

De quoi s’agit-il ? Tout bêtement de l’inauguration d’une station d’épuration. Sur une photo, depuis commentée en abondance par les réseaux sociaux, on voit trois mâles blancs, manifestement hétérosexuels et ayant visiblement dépassé la cinquantaine, en train de couper, d’un geste auguste, un ruban tricolore. À leurs côtés, deux jolies jeunes filles à la vêture elle aussi singulièrement épurée. On notera que la diversité ethnique est respectée, l’une d’entre elles ayant été plus que la moyenne embrassée par le soleil.

Dans ce charmant tableau semblant remonter au siècle dernier ne manquaient plus que majorettes, comices agricoles, bouilleurs de cru, DS de fonction et Yvette Horner à l’accordéon. Ceux qui se sont invités à la fête au village ? Les internautes, évidemment. « Sexisme », « image dégradante de la femme », « machisme d’un autre âge », « beaufitude intégrale », lit-on d’un côté, tandis que, de l’autre, quelques esprits forts ricanent de ces « pudibonderies extrémistes ». L’un d’eux, malicieux, invoque même la mémoire du défunt maire de Tours, Jean Royer, qui tenta sa chance à l’élection présidentielle de 1974 en se présentant comme le candidat de « l’ordre moral », précédent de peu Michel Galabru dans La Cage aux folles, film d’Édouard Molinaro.

Les féministes venaient alors perturber ses réunions en exhibant leurs poitrines. En ces lointaines années, il était révolutionnaire de montrer ses seins. Aujourd’hui, il le serait tout autant de cacher ce que l’on ne saurait voir. Allez comprendre, surtout quand des Femen les montrent à tous propos et à toutes occasions. Sont-elles véritablement révolutionnaires ou participent-elles seulement au maintien de l’ordre patriarcal ancien ? Il y a, ainsi, des débats qui ne manquent pas de (petite) tenue. À ce propos, à quand une joute de "roberts" dans notre bonne ville de Loches, avec arbitrage de Caroline Fourest et Lova Moor ?

En attendant, Philippe Briand, président de Tours Métropole Val de Loire, l’homme à la paire de ciseaux, refuse de communiquer sur le sujet. Ouf, on a eu chaud, au contraire des deux donzelles grelottant en cette froide après-midi d’octobre. Lesquelles n’ont pas souhaité, non plus, s’exprimer, ne comprenant probablement pas pourquoi elles, dont la profession consiste à enseigner la samba, ont pu causer un tel twist de sous-préfecture.

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10 octobre 2017 à 20:20

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