Après avoir su, avec brio, manœuvrer ses adversaires politiques et réussi à les diviser, Nicolás Maduro doit maintenant affronter la tourmente économique qui s’abat sur son pays, déclaré, cette semaine, en défaut partiel de paiement, incapable d’honorer le remboursement d’une dette obligataire. Sur un terrain où son incompétence est notoire depuis son accession en 2013 à la magistrature suprême.

Le sort de ce pays est dorénavant dans les seules mains de ses soutiens et créanciers, la Chine et la Russie, dans une opération de rééchelonnement à grande échelle de la dette vénézuélienne, avec en point de mire un seul mot d’ordre : gagner du temps, en espérant une remontée importante des cours du brut ! L’accord conclu cette semaine avec la Russie (restructuration d’un crédit de trois milliards de dollars) sera bien insuffisant... Car la situation est d’autant plus catastrophique que les dirigeants chávistes, en se contentant de surfer sur la rente pétrolière, en l’exploitant sans limites, négligeant tout investissement à moyen terme, ont tué la poule aux œufs d’or, la PDVSA (Petróleos de Venezuela SA) la compagnie pétrolière appartenant à l’État vénézuélien.

Jeudi, l’Association internationale des produits dérivés (ISDA) a constaté le défaut de paiement de la compagnie pétrolière nationale PDVSA, après trois échéances manquées auprès de ses créanciers. Une production en chute libre, moins de 2 millions de barils par jour alors qu’en 2015, celle-ci était de plus de 2,5 millions, avec la fermeture de plus de la moitié des puits depuis 2013 dans un pays qui détient les ressources en brut les plus importantes du monde !

Une gestion catastrophique faite de copinages, d’inconséquences, de corruption aussi...

Sur le plan quotidien, un seul mot peut résumer la situation : le chaos.

Une pénurie de tous les produits de base, un marché noir omniprésent, une seule monnaie acceptée pour les achats - le dollar - avec toutes les spéculations possibles, ce qu’on appelle là-bas « le parallèle », une inflation impressionnante (près de 1.000 %).

Ajoutez la violence, le vol, les enlèvements aussi contre rançons, des armes qui circulent librement dans un pays où elles sont interdites, les patrouilles mafieuses des « collectivos », armes et pulls rouges aux couleurs du pouvoir arborés ouvertement pour les trafics en tous genres (drogue, aliments, pièces détachées) ou encore semer la terreur dans les quartiers au nom de la révolution bolivarienne... Dans nombre de villes, des feux de circulation qui ne sont plus alimentés, des ascenseurs en panne, plus de maintenance d une manière générale... Un délabrement inimaginable vu des rédactions parisiennes...

Dernier avatar de cette crise économique, sociale, sanitaire et politique, la fuite (organisée grâce à diverses complicités) d’Antonio Ledezma, le maire de Caracas, à Madrid via la Colombie. Accusé sans preuves de conspiration contre le gouvernement de Maduro, il était assigné à résidence depuis 2015. Dans une déclaration, à peine arrivé à Bogota, il exhortait l’opposition de ne pas de nouveau tomber dans le piège de Maduro prêt à reprendre le « dialogue » début décembre à Saint-Domingue...

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:56.

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19 novembre 2017 à 15:32

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