Après la volte-face, la semaine dernière, du président Nicolás Maduro concernant les décisions invraisemblables du Tribunal suprême de justice (TSJ), les chávistes continuent leurs actions de démolition de ce qui reste de démocratie au Venezuela, pays au bord de l’implosion économique et sociale.

Après la plainte déposée fin février par l’ONG pro-gouvernementale Frente Anticorrupción (Front anti-corruption) contre Henrique Capriles Radonski, gouverneur de l’État de Miranda et l'un des principaux leaders de l’opposition, accusé d’avoir perçu trois millions de dollars de l'entreprise brésilienne de BTP Odebrecht, celui-ci vient d’être déclaré inéligible pour quinze ans, ce qui l’empêchera de facto de se présenter aux prochaines élections présidentielles prévues en 2018 ! Bien entendu, reste à Henrique Capriles la possibilité d’un appel : lorsqu’on sait que tous les pouvoirs, hormis la Chambre des députés, sont contrôlés par le président vénézuélien...

Rappelons également l’emprisonnement, depuis février 2014, d’un autre leader de l’opposition, Leopoldo López, condamné en septembre 2016 à treize années de détention. Motif : avoir été l’organisateur des manifestations antigouvernementales et, donc, responsable des violences qui avaient fait trois morts alors que des enregistrements vidéo ont parfaitement démontré que ceux qui avaient tiré sur la foule étaient des agents de l’appareil d’État ! Un emprisonnement dénoncé par l’ensemble des organisations humanitaires dont Amnesty International : la responsable du programme Amériques Erika Guevara-Rosas déclarait alors que son seul "crime est de diriger un parti d’opposition"...

Signes de ce climat délétère, les manifestations répétées et violentes : après celles de jeudi dernier où un jeune homme de 19 ans a été tué et de nombreuses personnes blessées, celles de samedi à Caracas se déroulaient, selon les correspondants de la presse ibérique, dans un véritable climat insurrectionnel : gaz lacrymogènes, tirs de balles en caoutchouc, jets de pierres, routes fermées à la circulation. L’opposition vient d’appeler le peuple vénézuélien à une manifestation monstre le mercredi 19 avril.

Mais au-delà de ces soubresauts politiques se pose le problème de la corruption qui règne en maître au Venezuela. L’ancien dirigeant du groupe Odebrecht, Marcelo Odebrecht, condamné le 8 mars au Brésil à près de vingt ans de prison pour blanchiment d'argent et trafic d’influence, avait précisé lors de ses auditions que sa société avait versé les sommes les plus importantes de pots de vin au Venezuela : soit 98 millions de dollars.

Si Henrique Capriles est accusé d’avoir touché, en tant que gouverneur, trois millions de dollars (il assure que les contrats ont été, en fait, signés par son prédécesseur, le cháviste Diosdado Cabello), on peut légitimement se demander où sont passés les 95 millions de dollars restants ? Qui les a perçus ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:55.

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09 avril 2017 à 19:23

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