Alors que des bénévoles de l’association humanitaire vénézuélienne Santa en las Calles, déguisés en père Noël, parcouraient les 15 et 16 décembre les rues des principales villes du pays à la rencontre des sans-abri, apportant à la fois du réconfort et de la nourriture, le New York Times publiait, le 17 décembre, un reportage choc sur la détérioration des conditions sanitaires dans ce pays.

Une enquête de cinq mois sur le terrain, au milieu des familles les plus défavorisées et dans les services hospitaliers. Le bilan est catastrophique : malnutrition sévère, mortalité infantile en augmentation, pénurie de médicaments, y compris dans les services pédiatriques...

Un chaos sanitaire qui provoque un délitement social avec l’impossibilité, pour les familles, de pouvoir s’alimenter normalement, avec des scènes qui dépassent l’entendement dans ce pays aux réserves pétrolières les plus importantes au monde, des milliers d’adultes comme d’enfants qui fouillent désespérément les dépôts d’ordures à la recherche de nourriture ou de produits à revendre, la multiplication de la présence de jeunes enfants livrés à eux-mêmes dans les rues, proies faciles des mafias locales, et son cortège d’agressions, de pillages, de violences de toutes natures...

Dramatisation excessive ? Tous ceux qui connaissent l’état de ce pays ne peuvent être surpris par ce reportage, qui n’est que la sinistre réalité d’un pays à la dérive !
Dans l’incapacité de pouvoir résoudre cette crise, le pouvoir s’en remet à des solutions qui friseraient le comique s’il ne s’était agi de santé publique, comme celle du « plan lapin » développé en octobre 2017 par le président Nicolás Maduro en personne, proposant à ses concitoyens de se nourrir de lapin, un "animal aux nombreuses vertus nutritionnelles" ! Sauf que... cet animal est un animal de compagnie très apprécié au Venezuela et que personne, dans aucune famille, ne veut manger son lapin...

Quant aux fêtes de fin d’année, elles ont donné lieu à quelques manifestations de protestation vis-à-vis du pouvoir, incapable cette année d’honorer sa promesse de livrer aux plus démunis le « pernil de cerdo para navidad » (la cuisse de jambon de porc) qui est, au Venezuela, le plat principal des fêtes, qu’ils n’ont pas les moyens d’acheter avec une inflation qui devrait dépasser, cette année, les 800 %.

Pendant ce temps, la comédie politique continue son sinistre jeu : un certain nombre d’opposants politiques à Nicolás Maduro, qui n’aurait jamais dû être pour cela emprisonnés, ont été libérés la veille de Noël. Une mesure annoncée à grand renfort de communication par la présidente de l'Assemblée constituante, la cháviste Delcy Rodríguez, pour leur permettre de "passer les fêtes de Noël en famille", dans le cadre d'un "moment de réconciliation", avait-elle ajouté. Une libération cependant assortie d’une audience devant la Commission Vérité, "dans une perspective pédagogique, de la culture de paix et de tolérance", une phraséologie dans la droite ligne du marxisme à la sauce tropicale qui règne à Caracas.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:57.

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31 décembre 2017 à 12:01

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