Valls tragique à Solférino : Manu quitte le PS !

C’est fait, ou quasiment : Manuel Valls va quitter le Parti socialiste (ou le contraire), selon la déclaration de l’ancien Premier ministre au micro de RTL ce mardi matin. Pas vraiment un scoop, ni un drame non plus, mais bon, un petit événement tout de même pour celui qui y était encarté depuis 1980. À l’époque, à gauche, on commençait à croire de moins en moins pouvoir « changer la vie » à coups de faucille et de marteau et il était de bon ton d’offrir une rose au peuple. Mais l’on sait que les fleurs sont périssables…

Entré au PS, pour se mettre dans le sillage de Michel Rocard, Manuel Valls semble y avoir toujours été un peu le mal-aimé, comme son mentor, du reste. En 1988, ce dernier, alors Premier ministre, le prend dans son cabinet pour des fonctions assez modestes. Mais nous n’allons pas dérouler ici la longue carrière de Manuel Valls car, comme chacun sait, les hommes politiques ne sont vraiment morts que lorsque leur cercueil est exposé dans la cour des Invalides – du moins pour les plus illustres !

Rappelons tout de même les « riches heures » de Manuel Valls au sein du Parti socialiste. En 2005, il soutient dans un premier temps le non au référendum sur la Constitution européenne, puis se rallie au oui avec cet argument imparable : "J’étais partisan du non, mais face à la montée du non, je vote oui..." Par deux fois, il apportera son soutien à Ségolène Royal, avant de prendre définitivement ses distances avec elle : en 2007, à la présidentielle (battue) et en 2008 lorsqu’elle tenta de conquérir le PS (battue). En 2011, il n’obtient que 5,63 % à la primaire citoyenne de la gauche et en 2017, fort de sa légitimité de Premier ministre, il est battu à plate couture, avec à peine 41 % des suffrages, par un Benoît Hamon qui conduira avec assurance et conviction son parti dans le mur. L’histoire de Valls et du PS, c’est un peu « Je te hais, moi non plus » et l’on comprend un peu pourquoi l’orgueilleux hidalgo déclare aujourd’hui que c’est le PS qui le quitte, comme on le dit d'un être cher qui nous a quittés.

Malgré tout, Manuel Valls vient de sauver la face (de moins polis diront autre chose) en se faisant réélire de justesse député de l’Essonne, sous l’étiquette divers gauche, avec moins de 12.000 voix, soit 50,30 % des suffrages exprimés. 139 voix d’avance face à la candidate de La France Insoumise… Pas de quoi pavoiser, donc. Soyons cruels un instant en rappelant qu’en 2012, Manuel Valls avait été élu face à un candidat UMP avec plus de 20.000 voix, soit 65,58 % des suffrages exprimés. On n’est pas loin de l’élection de trop…

C’est donc un Manuel Valls rescapé, démonétisé, ringardisé, cornerisé, essoré par ses cinq années au service de Hollande, qui fait son entrée aujourd’hui au palais Bourbon où il devrait siéger parmi les députés La République en marche. 37 ans de Parti socialiste, c’est aussi 37 années d’expérience politique, et celui qui n’a jamais exercé d’autre métier que la politique sait bien que, pour exister dans cet univers cruel et impitoyable, il ne sert à rien de bouder dans son coin. Alors, quel avenir à moyen terme pour Manuel Valls ? Je fais un pari : dans les deux ans, il intégrera le gouvernement, lorsque les premiers emmerdements et remaniements viendront. Les Affaires étrangères, par exemple : Juppé, Fabius, Ayrault connurent ainsi le Quai d’Orsay dont les dorures valent largement celles de Matignon. Et à long terme ? On va en rester là pour aujourd’hui…

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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