Le député Alain Tourret avait montré, en décembre 2012, lors d’une audition des responsables des religions dans le cadre de l’examen de la loi Taubira ouvrant le mariage aux personnes de même sexe, une morgue dépassant la mesure acceptable chez un élu de la nation et témoignant d’une absence d’éthique du débat préoccupante. L’injonction faite à Monseigneur Vingt-Trois, archevêque de Paris, de ne pas envoyer ses cathos (verbatim : "s’il en reste") dans la rue a fait long feu.

Même si la Manif pour tous n’est pas confessionnelle, plus d’un million de personnes à battre le pavé et qui ont transformé la loi Taubira en victoire à la Pyrrhus : les ambitions sociétales de ce quinquennat furent stérilisée, suivant les mots de l’ex-député et rapporteur Erwann Binet. Il y a eu, plus tard, les outrance de l’ex-sénateur Jean-Pierre Michel, qui refusait d’auditionner la Manif pour tous. Il ne se privait pas, en outre, d’insulter Frigide Barjot, mais se retranchait (lâchement ?) derrière son immunité parlementaire pour s’exonérer de toute responsabilité. C’est dire si la Manif pour tous a déjà eu du fil à retordre avec des élus aux méthodes tout sauf démocratiques (à moins que l’on ne fasse référence aux démocraties populaires de sinistre mémoire).

Le député Guillaume Chiche a décidé de battre les records d’ignominie de ses deux prédécesseurs réunis, lors de l’audition de la Manif pour tous ce 24 octobre, en n’hésitant pas à parler d’une honte pour l’Assemblée nationale de convier ce parti à une audition malgré ses démarches infructueuses pour l’éviter. Il a donc tenté de monopoliser le temps de parole sans poser la moindre question et il n’a pas hésité à lui imputer une "homophobie crasse" et, en filigrane, la responsabilité des actes homophobes qui émaillent les pages des faits divers avec, parfois, une résonance un brin démesurée, sans doute pour faire croire que leur fréquence augmenterait. L’outrance et la démesure !

Il a été rappelé à l’ordre par le président sur l’opportunité de convier la Manif pour tous. Les conséquences du « pas de liberté pour les ennemis de la liberté » sont tristement connues, et il est - heureusement – des députés pour le savoir.

La réponse calme, précise, ferme et circonstanciée de Ludovine de La Rochère aurait permis au député Guillaume Chiche de comprendre ses erreurs s’il ne s’était pas empressé de quitter la salle. Plus de lâcheté que de morgue, ou est-ce l’inverse ?

Que conclure ? Que les députés et ministres En Marche! nous entraînent vers un monde totalitaire où le seul débat qui serait toléré devrait être tenu entre personnes du même avis ? L’annonce d’un éventuel passage en force par Agnès Buzyn sur la PMA sans père pourrait le laisser présager. Qu’il leur soit ici répété qu’il n’y a pas de consensus favorable et que des Français nombreux et soucieux de préserver une anthropologie digne et des droits pour les enfants pourraient retourner dans la rue.

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24 octobre 2018 à 17:37

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