Un 17 novembre de 24 heures, et plus si combativité

Macron

Dans un moment inhabituel de sérénité, Emmanuel Macron avait assuré comprendre et entendre la grogne des Français. Dans ses deux oreilles grandes ouvertes, le message était entré. Assis sur sa planche à clous, le fakir Macron semblait zen, prêt à recevoir les doléances, prêt à essayer un gilet jaune… Et puis, patatras ! Manque de concentration, position du lotus trop fatigante, le dalaï-lama de l’Élysée a craqué nerveusement. Ce sont "des gens qui n’ont pas beaucoup de projets pour le pays si ce n’est que de le mettre à l’arrêt", a déclaré, sur Europe 1, le yogi débutant. Au diable tapis volant et sagesse, le mouvement n’est constitué que d’une bande de traîne-savates qui ne pensent qu’à semer la zizanie. Chassez le naturel, il revient en Twingo. 4 litres aux cent. À raison de 2 € le litre, la dépense est modique.

Envahi par son mépris pour tous ces gens "qui ne sont rien", Emmanuel Macron ne parvient pas à faire preuve d’un semblant de psychologie qui tendrait à calmer les esprits. Face à la colère, il se lâche, laisse aller ses pulsions, incapable de la moindre stratégie. Le passage en force semble sa seule arme. Le "J’assume" sa seule tactique. A-t-on déjà vu un Président proposer une mesure impopulaire et partir en courant se cacher dans une grotte du Périgord ? L’enfonçage de porte ouverte constitué par ce "J’assume" nigaud en disait long sur le vide élyséen… Excepté faire part de ce sentiment personnel, communiquer son état d’âme, qu’avait-il d’autre à dire ?

Peu de choses, excepté : "Généralement, on trouve derrière ces mobilisations un peu tout et n’importe quoi." L’affaire est entendue. Ces gilets jaune fluo de fort mauvais goût ne sont qu’un ramassis de bons à rien porteurs de revendications éparses : pas assez de bonbons à la fraise dans les stations-service, trop de plantes vertes sur les aires de repos, non à Notre-Dame-des-Landes… Un conglomérat de beaufs et de punks à chien, mâtiné de quelques maris éconduits, de dépressifs, de recalés du permis de conduire… La cour des miracles !

À quoi bon discuter, faire des concessions, alors qu’il suffit d’attendre que le feu de la colère s’éteigne tout doucement ? Les grévistes de la SNCF ont fini par se lasser. Bien calés devant la cheminée, monsieur et madame passeront leurs longues soirées d’hiver à regarder les gilets jaunes se consumer lentement sur les chenets. Patience et longueur de temps... Emmanuel Macron mise sur l’essoufflement du mouvement. Sur la base de ce pari, il pense pouvoir négliger sa communication. Mépris, moquerie, indifférence, de toute façon, ils lâcheront. Il faudrait être fou pour se torturer les méninges à satisfaire des mécontents qui finiront par se taire. Comme les autres jours, le 17 novembre ne durera que 24 heures…

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 16/11/2018 à 16:44.
Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

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