Les comptes d’Uber donnent le vertige. Après avoir perdu 2,8 milliards de dollars en 2016, le trou s’est creusé à 4,5 milliards en 2017, pour 7,5 milliards de chiffre d’affaires !

C’est un miracle si cette entreprise n’est pas mise en liquidation. Certes, le nouveau PDG (l’ancien est parti, suite à un scandale de harcèlement sexuel) a réussi à réduire les pertes de 26 % sur le dernier trimestre, certes, Facebook et Google ont été longtemps déficitaires avant de dégager des bénéfices spectaculaires, certes, la banque d’affaires japonaise SoftBank croit toujours en Uber et a investi, récemment, neuf milliards de dollars, mais les bases de la société semblent fragiles.

Uber offre des conditions peu avantageuses à ses sous-traitants et beaucoup d’usagers potentiels préfèrent, pour cette raison, faire appel à ses concurrents. Ainsi, à Londres, Uber a perdu son accréditation du fait de sa réputation déplorable chez ses clients. En outre, dans un grand nombre de pays, des actions en justice visent à faire requalifier en contrat de travail classique les relations qu’Uber entretient avec ses sous-traitants. La société risque, alors, de payer des charges sociales importantes, ce qui entraînera aussitôt l’arrêt de ses activités de VTC, car elles ne seront plus rentables.

Uber mise beaucoup sur la voiture autonome. Ce marché sera, probablement, porteur dans l’avenir, mais la concurrence fait rage dans ce domaine. Uber a payé 245 millions de dollars d’indemnités car elle aurait piraté des brevets. Ne pouvant plus utiliser ceux-ci, il risque de prendre, de ce fait, du retard. Un taxi sans conducteur humain serait source de bénéfices importants. Sans doute est-ce la seule raison qui explique qu’on maintienne Uber en vie car la société, dominante dans les VTC, possédera un avantage décisif par rapport à ses concurrents. Mais le public acceptera-t-il de monter à bord de véhicules sans chauffeur ?

Quant à l’activité de livraison de repas d’Uber, elle se développe et atteint un chiffre d’affaires important, mais n’est toujours pas rentable.

Tant qu’Uber n’est pas en faillite, les milliards investis ne sont pas considérés comme perdus et le bilan de la banque qui le soutient reste équilibré. Les petits porteurs qui possèdent des actions d’Uber et de SoftBank seraient les grands perdants d'un éventuel naufrage. Parfois, le capitalisme repose sur le vide.

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18 février 2018 à 15:53

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