Trumpisme : les Mercer veillent au grain

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Trump est sous observation. Il s’était hissé au pouvoir en déjouant l’immense machine de guerre Clinton née d’une prétendue fondation caritative (deux milliards), suivie d’une organisation de campagne gérée comme une multinationale (deux autres milliards). Avec seulement 375 millions, il a su déchiffrer le code d’une élection organisée par et pour le "deep state". En gagnant massivement le collège électoral. Retour sur investissement…

Il n’aurait pu le faire sans la « galaxie Mercer ». La victoire de Trump aux primaires sut convaincre Robert Mercer (et sa fille hyperactive Rebekah) que le moteur religieux venait de fusionner avec son jumeau oublié, le populisme des cols bleus déchus.

Cette famille richissime (fortune financière) prit les choses en main, investissant des fonds, recommandant une directrice de campagne chevronnée (Kellyanne Conway), offrant les compétences de leur réseau de sociétés spécialistes en mercatique électorale. Mais c’est d’idéologie qu'il était surtout question. Selon Institutional Investor ("Robert Mercer’s Trade of the Century", 13 décembre 2016), les Mercer avaient poussé pour la nomination de Flynn (Sécurité, Défense), puis celle de Jeff Sessions (Justice), mais surtout celle de Steve Bannon, l’idéologue anti-néocon et antimondialiste de la droite alternative américaine. Un Steve Bannon qui avait fait des merveilles pour Trump avec son groupe de presse en ligne Breitbart.

Cette « trinité » a été tuée dans l’œuf et Trump fut privé de ses moyens : début janvier, exécution de Flynn par le vice-président Pence puis, début mars, castration de Jeff Sessions (les deux pour russophilie), enfin, début avril, éjection de Bannon du National Security Council de la Maison-Blanche par le général McMaster (le remplaçant de Flynn). Les dominos tombent depuis janvier, annonçant une reprise en main par le "deep state" de la stratégie internationale (McCain-Graham-Rubio-Haley) comme de la politique économique (doctrine Goldman Sachs, incarnée par Gary Cohn, conseiller économique du président, et proche de son gendre Jared Kushner). Et, comble de l’insulte, Bannon, toujours conseiller stratégique, se fait ordonner ce week-end par Trump de rencontrer Kushner, "afin qu’ils règlent leurs différends… avant que je le fasse moi-même".

Bannon s’était opposé aux frappes syriennes et s’en allait claquer la porte… lorsque survint Rebekah Mercer. Selon Politico (« Megadonor urged Bannon not to resign », 5 avril 2017), les Mercer, qui venaient de lancer un vaste plan publicitaire afin de redresser l’image d’un Trump en panne depuis la mi-mars, auraient convaincu Bannon d’avaler la couleuvre afin de garder le fort, invoquant "un jeu à long terme". Possible. Mais il n’est pas exclu qu’il soit « démissionné »...

Car la panoplie des nouveaux amis de Trump est prête : maxi-sanctions contre la Russie (pour complicité au récent crime de guerre syrien, et autres actes de guerre dans l’élection américaine), résurrection de la « Free Syrian Army », envoi d’un contingent en Syrie, budget d’un Maïdan Russe, version 2018…

Trump doit-il s’opposer à ce tsunami néocon, quitte à détruire sa vie et ses affaires ? Ivanka, démocrate, Jared Kushner, démocrate, Gary Cohn, démocrate, ont déjà la réponse. Et lui ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:34.
André Archimbaud
André Archimbaud
Consultant stratégique

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