Les deux dernières nominations de Donald Trump à la Maison-Blanche rappellent les pires heures de l’ère Bush et de la criminelle invasion de l’Irak. La promotion de John Bolton comme conseiller à la sécurité nationale est, à cet égard, particulièrement symbolique. Il avait en effet milité, avec ses amis du courant néoconservateur, pour cette « invasion préventive ». Il était alors membre important du département d’État - l’équivalent de notre ministère des Affaires étrangères. Très proche du vice-président Cheney, chef de file de ces faucons qui parviendront à convaincre l’opinion américaine que l’Irak disposait d’armes de destruction massive.

Cette nomination est tout à fait surprenante car le candidat Trump, n’avait pas eu de mots assez durs contre la destruction de l’Irak : "La pire des pires décisions jamais prises", "Nous avons rendu un très mauvais service au Moyen-Orient et à l’humanité".

Depuis, jamais John Bolton n’a émis le moindre regret sur ce mensonge d’État qui a directement engendré l’État islamique.

L’autre nomination n’est pas moins surprenante : il s’agit du patron de la CIA, Mike Pompeo, qui sera nommé secrétaire d’État dès que le Sénat aura ratifié la décision de Trump. Quand on sait que la CIA a livré de nombreuses armes aux islamistes syriens, dont certaines se sont retrouvées entre les mains de Daech et d’Al-Nosra…

Ces deux nominations semblent liées à l’accord nucléaire iranien que Trump veut dénoncer, malgré l’opposition très forte de ses alliés européens et, bien sûr, de la Russie. Trop de conseillers du président étaient hostiles à cette dénonciation, notamment Rex Tillerson, qui s’est, semble-t-il, fait limoger pour cela.

Avec Bolton et Pompeo, Trump aura deux alliés de poids, deux faucons revendiqués.

Mais nous ne sommes jamais au bout de nos surprises avec Donald Trump : quelques jours après, il annonçait, à la stupéfaction des deux faucons en question, qu’il fallait "quitter la Syrie. Laissons d’autres s’en occuper maintenant." Toutefois, bien malin qui peut dire si cette annonce va se concrétiser. Il se pourrait, en effet, que ce soit une menace envoyée à l’Arabie saoudite, qui veut que les Américains restent en Syrie pour contrer l’Iran. Et pour cela, Trump veut de l’argent : quatre milliards sont demandés à Riyad qui, jusqu’à présent, rechigne.

On croit rêver ? Pas tant que cela. Trump n’est pas un homme politique : c’est un homme d’affaires qui a décidé de devenir président. Il a su parler à ses clients, les petits Blancs d’Amérique qui l’ont élu. Il a ses filiales, l’Europe notamment. Et ses concurrents : la Russie et la Chine. Un ami, Israël, et donc un ennemi, l’Iran. L’Arabie saoudite est une filiale, bien sûr : elle doit faire remonter des dividendes, c’est la règle.

Il ne faut donc pas analyser les décisions ou les annonces de Trump en fonction de nos habituels critères géopolitiques, ce qui rend toute prévision très aléatoire.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:43.

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09 avril 2018 à 10:04

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