Trump et Macron sont aussi dissemblables qu'il est possible de l'être, en apparence. En particulier, si le premier n'hésite pas à prôner "l'Amérique d'abord", le second n'hésite jamais à pourfendre la France et les Français, souvent depuis l'étranger. Cependant, ils ont ceci de comparable, c'est que, dès l'origine, ils s'étaient ouvertement déclarés "anti-système" assumés.

Après vingt-deux mois, l'Américain a réussi son tour de force en s'imposant comme le socle et l'unique levier du pouvoir. Il est, certes, un personnage clivant mais ses soutiens demeurent importants car ses résultats économiques et diplomatiques sont probants.

À l'inverse, après quinze mois, le Français a échoué dans sa tentative d'imposer "son nouveau monde" et il a déjà dilapidé le large crédit de confiance qui lui fut accordé par l'électorat. Malgré des conditions favorables, et en dépit de ses promesses de renouveau, le marasme plombe le moral des Français impatients de résultats.

Pourtant, à l'image de son confrère d'outre-Atlantique, il demeure la clé de voûte de tout l'édifice politique du pays par la grâce d'une Constitution qui accorde au premier magistrat la quasi-totalité des prérogatives en matière de gouvernance, et cela, en dépit de l'opinion déçue qui n'a le droit de se manifester réellement que tous les cinq ans.

Pour l'un comme pour l'autre va se présenter le couperet de l'évaluation démocratique. Pour le président américain, le renouvellement législatif de mi-mandat interviendra en novembre 2018 et, pour son homologue français, les élections européennes (première consultation nationale depuis la présidentielle de 2017) se profilent à l'horizon du printemps 2019. Pour l'un comme pour l'autre, le résultat du scrutin se révélera comme un plébiscite ou, au contraire, comme un désaveu.

Si Trump, c'est-à-dire le parti républicain, gagne, il sera sur la voie d'un deuxième mandat presque assuré. S'il perd, alors la fin de son exercice sera difficile, pour le moins, et son chemin chargé des embûches possiblement fatales en raison, notamment, des affaires. Pour lui, tout sera différent.

En France, si LREM sort en tête du scrutin européen, Macron retrouvera quelques couleurs pour quelques temps plus ou moins longs en fonction de l'évolution de la courbe du chômage, notamment. Dans l'hypothèse inverse, ce sera, comme précédemment, un "quinquennat pour rien" dont les affaires auront alourdi le climat. Pour lui, rien ne sera pareil et pourtant, rien ne menacera la poursuite de son mandat.

Ces deux parangons présidentiels ont en commun un autre trait de caractère. Ils ont, tous deux, une très haute opinion d'eux-mêmes qu'il se gardent bien de dissimuler.

L'arrogance du Français n'a rien à envier à celle de son homologue américain et cette suffisance qui les caractérise ne favorise guère l'action du Français qui perd alors qu'elle n'entrave nullement celle de l'Américain qui gagne.

Ces deux scénarios comparés mesure l'écart qui existe entre les deux schémas de démocratie. Si, aux États-Unis comme en France, la personnification du pouvoir se fait au travers d'un leader choisi par le peuple, le premier demeure réellement sous contrôle alors que le second ne l'est pas.

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07 septembre 2018 à 11:39

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