Trevor Philipps : « Beaucoup de musulmans britanniques ne sont plus des citoyens loyaux »

Trevor Philipps
Trevor Philipps

Un attentat a de nouveau frappé, samedi soir, le cœur de Londres. Trois assaillants à bord d'une camionnette ont foncé dans la foule sur le London Bridge, puis ont attaqué des passants au couteau, faisant six morts, avant d'être abattus par la police. Les ambulances ont transporté 50 blessés dans cinq hôpitaux à l'issue de l'attaque.

Encore une fois, derrière ces scènes d'horreur se met en place le bal des lamentations et la fermeté par communiqués et tweeter interposés. Macron assure que "la France est à côté de la Grande-Bretagne", le maire musulman de Londres Sadiq Khan déclare : "Il n'existe aucune justification possible pour de tels actes barbares." Le Conseil musulman britannique partage sa "consternation et sa condamnation face aux attentats terroristes du London Bridge et de Borough Market".

Puis viendra le temps des fleurs et des bougies, Hidalgo va éteindre une énième fois la tour Eiffel, on observera une minute de silence, un groupe pop va chanter in memoriam et des parents de victimes clameront que les terroristes n'auront pas leur haine.

Ensuite on rangera les bougies pour une prochaine fois, on remisera les fleurs fanées et l'actualité, après trois jours, reprendra ses droits, en revenant par exemple sur cette décision funeste du président américain contre l'Accord de Paris sur le climat.

De qui se moque-t-on ? Ce ne sont pas bougies et fleurs qui peuvent rivaliser avec une voiture lancée à pleine vitesse, des impacts de balle ou des coups de couteau !

Il y a deux ans, Valls avait déclaré que "la France [était] en guerre" et, depuis, rien. Nous avons transporté le Mur des Lamentations en Europe, les citoyens choqués viennent s'y recueillir sans dire un mot contre l'islamisme, de peur d'être traités d'islamophobes.

Messieurs nos dirigeants, ouvrez les yeux car les assassins sont parmi nous et ils ont tous un point commun : ils sont musulmans ! Les islamistes qui commettent ces actes barbares ne sont pas des combattants de Daech, ce sont des compatriotes rencontrés dans le métro ou croisés sur les trottoirs de nos villes. Ils sont français ou britanniques depuis plusieurs générations. Et quand la télévision ira interroger famille ou voisins, ceux-ci nous diront qu'ils ne comprennent pas, que ce n'est pas possible, qu'ils n'avaient pas l'attitude de radicalisés, qu'ils étaient gentils avec le chien de la gardienne et saluaient tous les matins la vieille dame d'à côté. Regardez la réalité en face : l'ennemi n'est plus simplement en Syrie ou en Irak, vous pouvez bombarder l'État islamique, lutter contre leurs combattants à Raka, cela ne changera en rien la donne.

En Grande-Bretagne, plus d'un quart des musulmans interrogés (27 %) disent avoir "un certain degré de compréhension" des motivations terroristes. Sur près de quatre millions de musulmans, cela fait un million qui en acceptent l'idée (sondage pour la BBC) et 4 % disent avoir de la sympathie pour eux, soit 160.000 personnes (sondage ICM, réalisé pour la chaîne Channel 4 et publié par le Times). D'ailleurs, nous savons bien que, comme chaque fois, il n'y aura pas de manifestation spécifique des musulmans.

Trevor Phillips, qui commentait le sondage pour Channel 4, président de la commission britannique pour l’égalité et les droits de l’homme de 2003 à 2012, un de ceux qui ont imposé le terme d’islamophobie dans le vocabulaire anglais, reconnaît aujourd’hui que ce concept a surtout servi à faire taire ceux qui s’inquiétaient de cette immigration et des attitudes de nombreux musulmans. Il concluait, il y a un an : "Le vrai problème, ce n’est pas l’islamophobie mais le fait que les musulmans britanniques constituent une nation dans la nation et que beaucoup d’entre eux ne deviendront jamais des citoyens loyaux."

Quand nos gouvernants et nos concitoyens retrouveront-ils de même leur lucidité ?

J.-P. Fabre Bernadac
J.-P. Fabre Bernadac
Ancien officier de Gendarmerie - Diplômé de criminologie et de criminalistique

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