Au mois d'août, Édouard Philippe avait annoncé, pour 2019, la suppression de 4.500 postes dans la fonction publique (plus de 10.000 en 2020). On pouvait s'attendre à ce que l'Éducation nationale, qui représente près de la moitié des effectifs publics, fût touchée. Jean-Michel Blanquer s'est vu imposer par Bercy la suppression de 1.800 postes, principalement dans les collèges et lycées. Dans la pratique, cela signifie que le nombre de postes offerts aux concours (CAPES et agrégation) va, comme en 2018, diminuer à la session 2019. Peut-on faire mieux avec moins de professeurs ?

Les chefs d'établissement pourraient leur imposer deux heures supplémentaires (comme c'était le cas avant 1999) au lieu d'une. Le ministre estime que l'exonération des cotisations salariales sur ces heures serait incitative. Ce n'est pas une mauvaise idée, à condition de tenir compte de la situation particulière de chacun. Quant à l'augmentation statutaire du service des professeurs, elle n'est réclamée que par ceux qui méconnaissent leurs conditions de travail et le temps que la grande majorité consacre à la préparation des cours, la correction des copies et les réunions incessantes. Sans compter la faiblesse de leurs rémunérations ou l'absence de reconnaissance, qui ne rendent pas leur métier attractif.

La réforme du lycée, qui commence cette année en seconde, même si ce n'est pas son objectif principal, permettra également de faire des économies de postes. Les nouvelles grilles horaires s'accordent bien aux restrictions budgétaires. Le nombre d'heures disciplinaires en première et terminale va diminuer. De plus, les enseignements de spécialité, que les élèves devront choisir en première, puis en terminale, ne seront pas proposés partout, ce qui va dénaturer une réforme censée permettre aux élèves de choisir une orientation plus adaptée. Il est probable que l'offre sera plus riche dans les lycées de centre-ville, plus rentables en effectifs, que dans les zones rurales. Les disparités s'accentueront.

Autre source d'économie, le tronc commun instauré pour toutes les disciplines autres que les spécialités qui, avec la disparition des filières L, ES et S, incitera à remplir les classes au maximum. Or, l'expérience prouve que, chaque fois qu'un tronc commun a été instauré (collège unique, fusion des séries C et D en sciences, par exemple), il en est résulté une baisse du niveau général. Sans consignes contraires du ministre, des chefs d'établissement, par préjugé idéologique, prendront un malin plaisir, sous prétexte d'égalité, à rendre les classes excessivement hétérogènes.

Dans ces conditions, la tâche de Jean-Michel Blanquer, qui veut établir l'École de la confiance, risque d'être encore plus difficile, voire impossible. Si un supplément de moyens, réclamé par la plupart des syndicats, ne peut résoudre la crise de l'enseignement, comment relever son niveau avec moins de professeurs et moins d'enseignements disciplinaires ? Il faut souhaiter que les nouveaux programmes du lycée soient assez exigeants. Malgré le développement des outils numériques, on ne remplacera jamais le contact essentiel entre le maître et l'élève. Encore faut-il recruter des professeurs compétents, qui maîtrisent le savoir qu'ils transmettent.

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17 septembre 2018 à 19:06

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