"Hey les étudiantes ! Améliorez votre style de vie, sortez avec un sugar daddy." En Belgique, il ne faut guère plus pour créer un scandale d’État.

Tandis que Hugh Hefnervient de passer l’arme à gauche, les âmes bien-pensantes s’indignent d’une campagne de publicité menée par un site de rencontres entre « sugar daddies » et jeunes étudiantes aux abords de l’Université libre de Bruxelles.

La parade publicitaire de « RichMeetBeautiful », sillonnant en caravane les artères avoisinant les campus de l’alma mater, est dénoncée non seulement pour son incitation à la prostitution, mais également pour son exploitation de jeunes filles, forcément vulnérables, par de vieux hommes riches, forcément pervers.

S’il y a quelque chose de malsain de la part d’hommes physiquement sur le déclin à entretenir de jeunes filles dans la force de l’âge contre des faveurs sexuelles, il y a également quelque chose de dérangeant à voir stigmatisée, une nouvelle fois, la sexualité de l’homme blanc.

Les rencontres entre vieux papis et jeunes filles consentantes ne sauraient ressortir de l’exploitation ou de l’esclavage moderne. Rien de glorieux, certes, de la part des uns et des autres : le procédé leur permet de sortir de leur misère respective, financière pour les jeunes filles, sentimentale pour les hommes ayant recours à leurs services.

Quelle hypocrisie, néanmoins, de voir les forces dites progressistes s’indigner de l’actuelle campagne publicitaire alors qu’elles s’émouvaient autrefois moins de l’existence de sexualités déviantes – et pour le coup ignobles -, notamment celles impliquant des mineurs.

Le secrétaire d’État à l’Égalité des chances, Zuhal Demir (N-VA, droite nationaliste flamande), dont on a souvent vanté l’action, est intervenue à la Chambre pour rappeler que, chaque jour, des annonces similaires garnissent les colonnes des journaux, avant d’ajouter qu’il y a quelque chose de profondément contradictoire, de la part de la gauche, à vouloir interdire une telle campagne et à favoriser la construction de méga-bordels dans leurs communes.

Détail qui ne manque pas de sel : la députée socialiste la plus en pointe sur la question doit elle-même probablement son siège davantage à son physique avantageux qu’à la force de ses convictions, sa culture ou sa bonne gestion - non que la jeune fille ait pu bénéficier d’une promotion canapé, mais en tout cas de certains avantages liés à la plastique.

La polémique née de la campagne publicitaire de « RichMeetBeautiful » témoigne de l’abrutissement de la société dont la sexualisation des débats et les débats sur fond sexuel sont des indicateurs. À défaut de pouvoir lutter contre le terrorisme ou relancer la machine économique, autant s’indigner à peu de frais sur des sujets aisés.

Que les belles âmes se rassurent : des interdictions ont déjà été prononcées dans différentes communes de la région bruxelloise à l’encontre de la campagne publicitaire et le véhicule, ainsi que la remorque, ont été interceptés.

L’honneur est sauf. Les étudiantes pourront étudier en paix.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 19:00.

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01 octobre 2017 à 1:54

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