« Avec un style qui n’est sans doute pas notre genre de beauté, Trump trace sa route ! »

À l'occasion de la fête nationale des États-Unis, André Bercoff revient sur les premiers mois de Donald Trump à la Maison-Blanche.

On assiste à un phénomène très intéressant. Il s'agit du contraste entre son comportement et l'establishment.

De son côté, il a continué à être cette espèce de « voyou » ou de « mal élevé » ou de « rustre », comme l'appellent les gens qui ne l'aiment pas du tout. Il s'est conduit exactement comme il se conduisait depuis sa campagne électorale. Il tweete évidemment plus que jamais. Le tweet est devenu une arme, chez lui.

L'establishment continue à le détester. Il est intéressant de constater que tout se passe comme si une partie de l'Amérique, et surtout de l'establishment, ne supporte pas l'idée qu'il soit président de la République. Cela les insupporte et ils se lamentent : « Comment est-ce possible ? C'est un usurpateur, etc. » On le voit bien dans les médias, dans CNN, dans le New York Times et d'autres.

En même temps, un certain nombre de choses se font, même si tout n'est évidemment pas fait en six mois.

Il y a un tableau paradoxal de quelqu'un qui est en train d'avancer en dépit, ou à cause, d'ailleurs, de la tactique qu'il a prise. Cette tactique est exactement celle qu'il avait définie, formulée, annoncée dans son The Art of the Deal, dans sa campagne et dans sa manière très spécifique à lui de faire de la négociation.

Je crois que le tableau est contrasté. Néanmoins, selon moi, de son point de vue à lui, le tableau est plus positif que négatif si on regarde les choses.

Je vous donnerai trois exemples dont on a très peu parlé. Il y a l'interdiction d'immigrer à partir de sept pays. Il est intéressant de noter qu'après des contestations d'un certain nombre de juges ou de maires de villes, la Cour suprême, à l'unanimité, a corroboré, a légitimé sa décision et son décret.

Lorsque je dis à l'unanimité, j'ai été moi-même extrêmement surpris, parce qu'il y a peut-être cinq républicains, mais il y a quatre démocrates dans cette Cour suprême qui, comme vous le savez, est l'organisme alpha et oméga aux État-Unis.

Ensuite, il y a eu les récentes élections. Tout le monde croyait qu'on allait sanctionner Trump. En fait, dans les quatre élections partielles, les républicains ont gagné. Peut-être, effectivement, avec beaucoup moins que certaines marges, mais les quatre élections ont quand même été remportées par les républicains.

Enfin, il y a eu le renvoi de trois journalistes de CNN. CNN est quand même la grande télé d'opposition. Ils ont été licenciés pour avoir monté une relation de Trump avec un Russe sur une certaine affaire. Je ne me rappelle plus exactement les éléments, mais il y a eu des conséquences. Ils avaient admis que cela avait été entièrement fabriqué et ils ont été licenciés par CNN.

Au-delà des polémiques, il est en train d'avancer. C'est quelqu'un qui trace sa route avec plus ou moins de difficultés, avec plus ou moins de brutalité, avec un style qui n'est évidemment pas notre fond de teint ou notre genre de beauté.

Toutefois, franchement, on ne peut pas dire jusqu'ici que cela a échoué.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:36.
André Bercoff
André Bercoff
Ecrivain, journaliste - Il fut journaliste à l'Express, directeur de la rédaction de France-Soir et directeur littéraire dans plusieurs maisons d'édition dont Belfond et Robert Laffont. Auteur d'une quarantaine de livres.

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