Strasbourg : le Christkindel de retour au marché de Noël

Il fallait s’y attendre : Strasbourg dégringole cette année à la 5e place au classement des meilleurs marchés de Noël d'Europe réalisé par le site European Best Destination. La capitale alsacienne est même devancée, sur le plan national, par sa voisine Colmar qui remporte la seconde place derrière Zagreb…

Il y a deux ans, quand Strasbourg autoproclamée "capitale de Noël" caracolait en tête des marchés de Noël, la mairie s’en félicitait. Maintenant plus. Elle aurait même signifié à l’organisateur de ce concours qu’elle ne souhaitait plus y participer. Mauvais concours ou mauvais perdant ? On finit toujours par payer ses erreurs.

On se souvient que, l’année dernière, la "laïcisation" de la tradition chrétienne des marchés de Noël avait touché à son tour la capitale alsacienne. De nombreux visiteurs du marché strasbourgeois s’étaient émus de la suppression de l'arche "Christkindelsmärik", à l'entrée du marché, qui rappelait sans complexe, en dialecte alsacien, sa dénomination initiale : "Marché de l’Enfant Jésus".

Le portique avait été supprimé, selon la municipalité… dans le cadre d’un dispositif sécuritaire renforcé. Certes, si ce n’est que sur l’une des places de la ville, la municipalité avait initié et financé l’arrivée d’un « marché off » , « alternatif », autour de « l'économie sociale et solidaire » avec des containers au lieu des chalets en bois. Rien à voir avec les traditions de Noël… La polémique enflamma les réseaux sociaux – on avait "chassé l’Enfant Jésus" du marché de Noël - et l’on s’empressa, cette année, de reprendre l’appellation historique du marché de Noël avec le retour du portique du Christkindel. Mais c’était trop tard : l’image de Strasbourg avait été sérieusement écornée sur la Toile, ce qui explique sans doute le classement de cette année qui se fonde sur le vote des internautes.

La municipalité doit s’en mordre les doigts, d’autant plus qu’elle avait réussi à faire respecter une "charte qualité" qui en bannissait gadgets chinois et autre figurines fantaisistes sans rapport direct avec la région ou les traditions européennes. Idem pour la restauration : ni merguez, kebab halal, falafels ou plats exotiques, mais des produits du terroir européen : miels des forêts vosgiennes ou de Forêt-Noire, gaufres du plat pays flamand, fougasses provençales… On s’y régale de flammekueche alsaciennes, de presskopf ou de foie gras, de bredele (petits gâteaux secs de Noël), de bières de Noël, vin blanc chaud ou de sucettes à l’anis…

Alors, Strasbourg ou Colmar ? Je préfère, pour ma part, les petits marchés de Noël qui ont essaimé en Alsace, à Sélestat, Riquewihr ou Kaysersberg, ou de l’autre côté du Rhin à Fribourg-en-Brisgau et Baden-Baden. Célébrer Noël ou Weihnachten (la nuit sacrée) en terre rhénane, c’est revenir à l’enchantement des premiers Noëls de notre enfance… Car à l’origine en Alsace, ce n’était pas Santa Claus, le père Noël Coca-Cola, mais l’Enfant Jésus en personne qui venait combler nos chères têtes blondes au pied du sapin… Scheni Wihnachte, Joyeux Noël !

José Meidinger
José Meidinger
Journaliste - Ancien grand reporter à France 3 Alsace, il passe son temps entre l’Alsace et la Grèce.

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