Statut officiel de la première dame : un privilège qui ne passe pas

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Initiée par un certain Thierry Paul Valette – à l’origine de quatre autres pétitions, dont celle en faveur de la panthéonisation de Simone Veil –, la pétition contre le statut officiel de première dame a déjà dépassé les 280.000 signatures.

Les députés se sont aussi mis de la partie, reprochant "à Emmanuel Macron un manque de cohérence, alors qu’eux-mêmes ont voté une loi leur interdisant d’embaucher un membre de leur famille. L’opinion publique, chauffée à blanc par l’annonce de la baisse généralisée des APL de 5 euros, a pointé du doigt le budget qui devrait être alloué à Brigitte Macron" (Sud-Ouest).

Sur ce refus d’un certain absolutisme du pouvoir – Brigitte Macron n’ayant aucune légitimité à devenir un personnage officiel de la République –, l’intéressé, président du mouvement Égalité nationale, s’explique dans les colonnes de Sud-Ouest.

Thierry Paul Valette regrette l’absence de "consultation citoyenne", pourtant plébiscitée par le Président durant sa campagne. Il pointe aussi, et à raison, l’erreur – tant politique que morale, selon moi – d’avoir associé "ce statut au projet de loi de moralisation de la vie publique". Car ôter d’une main – aux députés en l’occurrence – ce que l’on donne d’une autre paraît effectivement invraisemblable. Et l’infléchissement de l’Élysée, proposant à la place une charte de transparence, ne satisfait pas l’interviewé, qui déclare : "Même s’il n’y aura pas de budget, il y aura forcément des coûts de fonctionnement autour de l’activité de Brigitte Macron." En effet, toutes proportions gardées, on dirait le traité de Maastricht maquillé en traité de Lisbonne !

Se défiant du modèle américain, Thierry Paul Valette ajoute : "D’un point de vue de la communication […] on peut avoir l’impression que ce statut devient un outil de communication, ce qui est regrettable."

Toutefois, l’auteur de la pétition se félicite "qu’Emmanuel Macron ait rétropédalé, cela montre qu’il a été à l’écoute des citoyens". Je lui laisse la responsabilité de ses propos candides, gardant en tête le récent limogeage de Pierre de Villiers, lequel montre le peu de cas que le Président fait des avis contraires. Seule la foule virtuelle a fait reculer Emmanuel Macron au sujet du statut officiel de sa femme, pas sa conscience. Cela dit quoi que l’on pense de ce sujet.

Enfin, soupçonné de vouloir juste faire parler de lui – le buzz, en novlangue ! –, Thierry Paul Valette se justifie : "Je trouve important que le citoyen puisse s’exprimer. Je suis un citoyen, je m’exprime. […] Si faire le buzz c’est faire avancer le débat et permet de faire émerger des sujets, alors c’est formidable !"

D’accord, mais hélas, en France, cette possibilité d’expression, quand elle est non conforme aux normes idéologiques en vigueur, se réduit dangereusement, comme la cervelle d’or de cet homme inventé par Alphonse Daudet dans les Lettres de mon moulin. Avec la loi de moralisation de la vie publique, même les élus risquent d’en faire bientôt les frais.

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