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Dans un ouvrage récent intitulé Souveraineté et désordre politique, le philosophe Guilhem Golfin a examiné sans concession la notion de souveraineté qui est un élément central de notre culture politique. Il ne conteste pas l’idée d’indépendance nationale mais il estime, à raison, que le recours à la seule souveraineté ne permettrait pas de reconstituer le tissu social mis à mal au cours des deux derniers siècles, et tout particulièrement au cours des dernières décennies, par l’offensive culturelle menée par les libéraux et les progressistes de toutes obédiences.

Le souverainisme est étroitement lié à l’idéologie de la Révolution française dont les éléments essentiels, l’individualisme libéral et le progressisme, sont à l’origine de l’atomisation des communautés nationales occidentales, de la rupture des individus avec l’histoire de leurs communautés d’origine et avec la désagrégation des cultures nationales. Projeté dans un avenir chaotique, privé de tout passé et livré au changement permanent des modes et des types de consommation, l’individu occidental évolue désormais dans une société nihiliste.

Selon notre philosophe, le rétablissement de l’indépendance nationale et de la légitimité politique populaire ne réglerait en rien, à lui seul, le mal qui ronge nos sociétés, ce que peu de souverainistes conservateurs ont perçu. Imposer par la force un ordre étatique national, ce à quoi se résumerait un pouvoir souverain rétabli dans sa plénitude, à des individus déracinés dans leur propre pays parce qu’ayant perdu tout sens d’un bien commun ne servirait à rien et ne mettrait pas un terme au processus de désagrégation de la communauté nationale. C’est seulement en rompant avec l’anthropologie individualiste, qui sous-tend le libéralisme, et en organisant la recherche d’un bien commun à tous les membres de la communauté nationale que nous pourrons reconstituer un lien social et une culture commune enracinée.

À cela, il faut ajouter que la notion de souveraineté, telle qu’elle nous a été livrée par les idéologues de la Révolution française, présente le grave défaut d’être liée à la notion de volonté générale et, donc, à celle d’unanimité qui est lourde de dérives totalitaires. De plus, lors de son transfert du roi au peuple, le principe de la souveraineté monarchique, auquel Jean Bodin avait associé, au XVIe siècle, le principe d’autorité morale et religieuse détenu jusqu’alors par l’Église et qui justifiait le pouvoir politique du roi, a conservé l’idée d’unanimité ; l’unanimité du roi étant devenue celle du peuple. L’idée d’unanimité est hautement dangereuse parce qu’elle peut mener à exclure, voire à éliminer, tous ceux qui la refusent, comme ce fut le cas en 1793/1794.

Les révolutionnaires conservèrent le principe d’une autorité morale et religieuse mais en le transformant en principe d’autorité idéologique et morale. Cette autorité idéologique et morale est détenue, depuis 1789, par les gens de gauche et, aussi longtemps que la droite l’acceptera, elle ne pourra pas réellement mettre un terme au règne de l’idéologie individualiste et progressiste. Comme l’a souligné Jacques Julliard dans son maître ouvrage, la droite est soumise, depuis plus de deux siècles, à cette autorité mais, contrairement à ce qu’il pense, les choses peuvent changer, si nous voulons vraiment mettre un terme à notre soumission. Le combat essentiel n’est pas politique, il est d’abord d’ordre culturel.

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26 octobre 2017 à 15:01

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