Jean-Frédéric Poisson, président du PCD (Parti chrétien-démocrate), explique au micro de Boulevard Voltaire les raisons pour lesquelles il se rendra à la Marche pour la vie à Paris dimanche. L'occasion, pour lui, de rappeler que la question de l'avortement est un problème politique ; c'est la question de savoir comment on traite l'embryon humain et les femmes.

Jean-Frédéric Poisson, vous êtes président du Parti chrétien-démocrate. À ce titre, vous avez appelé les adhérents de votre parti à marcher pour la vie dimanche prochain. Est-ce la place d’un président de parti politique d’appeler à venir marcher pour la vie ?

C’est un problème tout à fait crucial qui n’est pas seulement un problème éthique. C’est aussi un problème politique. Derrière la défense du principe même de la dignité humaine se pose également la question de savoir comment on traite d’abord les plus faibles d’entre nous, qui sont des embryons humains. Deuxièmement, il est question de ce qu’on propose à toutes les femmes qui sont concernées par cette situation comme solution alternative éventuelle.
Ces deux questions sont des questions politiques. Il est donc légitime qu’un parti politique appelle ses sympathisants et ses adhérents à soutenir l’initiative de la Marche pour la vie.

Néanmoins, vous êtes le seul parti politique à l’avoir fait. Est-ce dû au fait que seul le PCD défend ces valeurs-là aujourd’hui ou y a-t-il une peur de s’engager sur ces sujets ?

Il y a sans doute les deux. Que nous affichions clairement notre volonté de défendre la vie humaine de la conception à la mort naturelle, c’est normal puisque c’est dans nos statuts. Et nous sommes la seule formation politique à être dans cette situation.
Par ailleurs, le débat est tellement difficile et violent, parfois, sur cette question qu’un certain nombre de personnes qui pourraient partager les convictions qui sont les nôtres renoncent à s’exprimer dans l’espace public. Elles craignent sans doute de se faire agresser par la bien-pensance générale.

On sort de cinq ans de présidence Hollande où les droits des embryons et des enfants à naître ont reculé, puisqu’il y a eu le délit d’entrave et plusieurs autres lois. Est-ce que la majorité incarnée par Emmanuel Macron sera plus compréhensive vis-à-vis de ces préoccupations ou, au contraire, elle ira toujours plus loin dans cette direction ?

Cela m’étonnerait qu’elle soit plus compréhensive. Je n’ai jamais entendu Emmanuel Macron évoquer ces questions. Je ne peux pas faire de procès d’intention. Je verrai bien, comme tout le monde, et je regarderai avec attention la manière dont se déroulent en particulier les états généraux de la bioéthique et toutes les questions qui seront abordées dans ce contexte.
Je n’ai pas senti ni dans La République en marche ni chez le président de la République, et pas non plus chez le Premier ministre ou madame le ministre de la Santé, une perception particulière qui nous dirait que nous allons dans un autre sens.
Je rappelle qu’en droit français, l’embryon est décrit comme une espèce d’intermédiaire entre une personne et une chose, avec un statut très peu clair. Je pense, malheureusement, qu’avec cette description de l’embryon, nous allons encore souffrir longtemps de cette ambiguïté.

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17 janvier 2018 à 6:48

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