« Les similitudes de discours entre François Fillon et Marine Le Pen sont un bon signe ! »

Et la polémique de n'en plus finir. Marine Le Pen aurait plagié un discours de François Fillon tenu au Puy-en-Velay le 15 avril dernier. La candidate du deuxième tour se serait "inspirée des accents souverainistes de François Fillon, notamment sur la culture, la langue française et même la géographie…", peut-on lire dans la presse de ce jour. De François Fillon ? Vraiment ? Qu'en est-il exactement ? Réponse avec Paul-Marie Coûteaux, auteur de ces extraits mis en cause…

Votre nom a circulé après qu'on ait découvert des points communs entre le discours de Marine Le Pen hier et celui de Francois Fillon il y a quelques semaines. Vous n'avez pas démenti être à l'origine de ces similitudes et vous ne les avez d'ailleurs pas trouvées gênantes. Pourquoi exactement ?

J'ai en effet envoyé des éléments de discours à Francois Fillon à qui je conseillais de gommer ce que pouvait avoir d'un peu prosaïque son discours et de difficile à entendre par quelques envolées sur la dimension universelle de la France, la vocation de la France.
Je les avais d'ailleurs déjà proposés à Philippe Seguin il y a très longtemps. C'est tiré d'un de mes livres qui s'appellent L'Europe vers la guerre.
Il se trouve que vraisemblablement Marine Le Pen, ou les équipes de Marine Le Pen, ont trouvé ce passage bon et l'ont repris. Je m'en félicite en effet car cela montre des convergences au moins sur l'essentiel, sur la question de la France et du sens de la France dans le monde.
Je dis que la France doit s'opposer au "tout fric", au "tout économique" d'un côté, au "tout religieux" de l'autre, et qu'elle doit garder sa voix propre et celle du politique, de la liberté des peuples, de la liberté des individus. Je trouve que si Marine Le Pen reprend les termes de Francois Fillon, c'est plutôt une bonne chose. J'ai toujours milité pour l'union des droites. En voilà une très belle illustration.

À l'heure où tout le monde pointe du doigt un plagiat, vous, vous dîtes finalement que c'est une bonne chose que la droite ait le même discours, même si ça doit être notamment sur ces choses-là.

Oui, je trouve que c'est prometteur pour l'avenir. Je n'aime pas trop le mot plagiat qui appartient au vocabulaire juridique de l'écrit, de la propriété littéraire. Les discours, vous savez, c'est dans le domaine public.
Je me souviens que Churchill, en 1940, dans son fameux discours : "nous nous battrons partout, nous nous battrons sur la plage, nous nous battrons dans les rues, nous nous battrons sur les collines", ne fait que reprendre un discours de Clémenceau de 1918 dans lequel Clémenceau disait : "je me battrai devant Paris, je me battrai derrière Paris, je me battrai sur la Loire, je me battrai sur la Garonne".
Voilà, les discours, ça appartient, au fond, au domaine public. C'est facile à reprendre et ce n'est pas absurde d'ailleurs que ce soit repris. Je trouve encore une fois que c'est plutôt un bon signe de connivence possible entre les droites, les droites populaires, les droites nationales.

Certains disent, et même parfois au sein du Front national, qu'ils ne sont ni de droite, ni de gauche. Ce genre de marqueurs sont plutôt des marqueurs de droite. C'est pour ce genre de passages du discours que vous soutenez aujourd'hui Marine Le Pen dans ce second tour qui l'oppose à Emmanuel Macron ?

Je crois justement que la ligne qu'a adopté Marine Le Pen à l'instigation des frères Philippot n'est pas la bonne : la ligne ni droite-ni gauche. J'aurais préféré qu'elle ait une stratégie d'union des droites justement, qu'elle se rapproche de la droite parlementaire, ce pourquoi je l'avais rejointe en 2012. Et comme elle ne l'a pas fait, je l'ai quittée.

Je pense qu'au fond elle a compris, c'est ça le fin mot de cette affaire si je comprends bien, elle a compris que quelqu'un d'autre avait raflé les voix de la gauche populaire. Ce quelqu'un d'autre, c'est Mélenchon. Les voix de la gauche popus ont été reprises par Mélenchon, elle a donc un vivier tout trouvé qui est la droite parlementaire, l'électorat de Fillon. Et je suis pas seul d'ailleurs à souhaiter qu'une bonne partie des voix de François Fillon se porte sur Marine Le Pen, contre Macron en tous les cas, dans ces circonstances.

Paul-Marie Coûteaux
Paul-Marie Coûteaux
Directeur des Cahiers de l’Indépendance

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