S’engager aux Républicains, mais pour quoi faire ?

Trocadéro_Fillon_Mars_2017

Ce mercredi 24 octobre, une cinquantaine de responsables de droite et du centre publient une tribune dénonçant les agissements de Génération identitaire, en particulier l’envahissement des locaux de SOS Méditerranée, le 5 octobre dernier, pour dénoncer les « complices des passeurs ». Tribune publiée dans… L’Obs, journal traditionnellement de droite, comme chacun sait…

Un parti qui montre de jour en jour qu’il ne sait plus où se situer, qu’il perd les pédales. Macron a ici le mérite de clarifier les clivages, Les Républicains ne sont malheureusement plus un parti auquel on peut faire confiance, enfin, et, nous allons le voir, certains s’y méprennent encore…

On l’a tous entendue, cette incessante ritournelle de l'entrisme : "Je m’engage chez Les Républicains parce que je pense que je peux influencer le parti", notamment, il y a quelque temps, chez les militants de Sens commun. Mais pas seulement.

Laissez-moi revenir avec vous sur les raisons de cet échec programmé.

Prenons le cas de Benoît, étudiant en droit, à Nanterre ou ailleurs, peu importe, assez peu politisé, au fond. Une occasion se présente à lui, comme un déclic, comme une porte grande ouverte vers l’idée qu’il se fait de lui-même : « Je suis un jeune engagé. » Oui, mais à quoi ? J’y répondrai plus tard.

Cette occasion était la politique, le militantisme plutôt, ce qui est foncièrement différent.

Au fil des campagnes universitaires à l’UNI, de deux ou trois réunions où les mots creux se battent en duel avec la volonté de se démarquer par une remarque intempestive, Benoît devient sympathique aux yeux de la hiérarchie du parti. Oh, bien sûr, si on peut parler de hiérarchie quand il s’agit d’un obscur délégué départemental, mais c’est déjà beaucoup de reconnaissance pour notre bon Benoît.

Benoît vient d’une famille plutôt bourgeoise, ses parents votent Front national, ils ont participé à toutes les Manifs pour tous. Benoît est, au fond, beaucoup plus « à droite » que l’essentiel, voire la totalité des cadres du parti Les Républicains.

À ses amis, il parle donc d’entrisme, de pénétration de la machine pour la changer de l’intérieur. Seulement - et on le sait bien - c’est beaucoup plus compliqué que ça. Arrive toujours le temps où le miroitement du pouvoir et de l’argent ne vous laisse pas insensible… Commence, alors, la longue dérive, inexorable… Un poste chez untel, une mission pour un autre, tout ça au mépris total de ses motivations premières. Benoît se retrouve rapidement à travailler à la région, peut-être même à collaborer avec le cabinet de Valérie Pécresse.

Quelle incohérence, me direz-vous ! Seulement ce n’est pas son avis, à lui, qui se sent parvenu. Il faut dire que, dans ces partis, on sait brosser les jeunes dans le sens du poil. Une jolie armée docile, que l'on tient fermement : pose pas trop de questions, ça se passera bien. Tu fais ça pour le parti, rends-toi compte, tu contribues à un engagement citoyen de la plus haute importance ! C’est pas très réglo, ça ? Tel financement (voté par exemple, par la région Île-de-France) à telle manifestation LGBT ? Qu’importe, on paraîtra plus ouvert. Telle subvention à l'iftar (comme à Compiègne), qui ne correspond pas vraiment à l'idée que tu te faisais de la ligne du parti ? Oh, mais non, ne t’inquiète pas, c’est seulement de la tactique, et puis, au fond, les gens ne comprennent rien. Ce qui importe, c’est le bulletin dans l’urne à la prochaine élection.

À la racine, quelle est la raison de cet opportunisme classique ? Un individu bien formé et bien éduqué peut-il tomber dans ce travers, dans ce relativisme ? La réponse est claire. L’embourgeoisement intellectuel qui a sacrifié ses principes sur l’autel de ses intérêts, de sa réussite sociale, Bernanos le dit fort bien : "L’économisme est la forme bourgeoise de la révolution." Tout est là, le manque de fond qui a fait sombrer notre bourgeoisie traditionnelle dans un économisme des plus conformes est la plus grande tare de notre combat. Car ne pas faire de politique, au sens le plus large du terme, bien entendu, c’est faire la politique de ceux qui nous combattent et il ne faut s’en prendre qu’à nous-mêmes si nos adversaires sont de plus en plus puissants. Ils ont moins de scrupule, voilà tout, et se délectent de la pudibonderie de notre bourgeoisie, de notre économisme qui a tué la droite française et qui en fait la victime consentante par excellence.

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