Le Sénat ne sera pas macronien. Le sera-t-il un jour ?

Dans l'indifférence générale ont eu lieu, hier, les élections sénatoriales qui, tous les trois ans, renouvellent par moitié notre chambre haute.

Cet été, tout à l'euphorie de la recomposition engagée avec l'élection du nouveau Président, les responsables de LREM s'étaient pris à rêver à une entrée en force au Sénat. Cette assemblée, depuis la Troisième République, n'est-elle pas le temple des compromis et des arrangements républicains ? N'abrite-t-elle pas des groupes réunissant sénateurs de gauche et de droite, comme le Rassemblement démocratique et social européen, préfiguration de la révolution du « en même temps » ? Les centristes n'y occupent-ils pas déjà une place de choix ? En fait, le Sénat semblait prédisposé à l'avènement macronien. D'ailleurs, il s'était trouvé quelques socialistes, sous la férule de M. Patriat, pour créer de toutes pièces un groupe LREM, qui réunissait déjà 29 sénateurs.

Le pari est raté, et le nouveau groupe La République en marche perdrait même 2 sièges. Autres perdants : les groupes de gauche. Le Groupe socialiste et républicain passe de 86 à 81 sièges, le groupe CRC communiste de 18 à 12. La droite LR conforte sa suprématie, avec 159 sièges. La trentaine de non-inscrits, pas encore affiliés à un groupe, et essentiellement des divers droite, ne devraient pas modifier ces rapports de force.

Ces pertes à gauche, cette contre-performance du parti présidentiel et ce succès de la droite et du centre sont sans surprise et ne font que traduire les victoires de la droite aux élections municipales et départementales de ces dernières années, puisque les sénateurs sont élus au suffrage universel indirect, par ces grands électeurs des conseils municipaux, départementaux et régionaux, pour l'essentiel.

Revenu à cette réalité, M. Patriat a déclaré :

La vraie élection En marche! au Sénat, ce sera en 2020, lorsque nous aurons des conseillers municipaux, des conseillers régionaux, des élus locaux.

La question se pose : le Sénat sera-t-il un jour macronien ? Il faudrait, pour cela, qu'il remporte bon nombre d'élections intermédiaires. Or, il n'est pas sûr que le parti présidentiel, avec les difficultés et l'impopularité qu'il risque de rencontrer, devienne très populaire, ni que les élus locaux le rallient facilement. En en trois ans, il y aura peu d'élections...

On peut donc prédire sans risque que le Sénat ne sera guère plus macronien dans trois ans qu'aujourd'hui.

Et cette élection nous rappelle que le défi de la révolution Macron reste encore entier : le défi de durer, de s'implanter à tous les échelons de la vie locale. Les anciennes structures partisanes ont volé en éclats le temps d'un printemps, et de peu, avec le 24 % du premier tour. Elles ne se sont peut-être pas complètement effondrées, notamment au niveau local.

Si le « rêve » Macron venait, lui, à s'effondrer, le Sénat ne serait peut-être jamais macronien.

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