Sécurité routière : les professionnels de santé ont-ils vraiment leur mot à dire ?

À force d'être sommée de répondre à toute les demandes sociétales, la médecine a de moins en moins de temps pour soigner les malades. Mais cinq cent soixante-dix-huit professionnels de santé ont quand même trouvé le temps de sauter dans le cerceau tendu par la Prévention routière, en répondant à une enquête de celle-ci. Ce genre d'association ne se repose jamais ! Et elles ont un chouette boulot : elles regardent les autres faire le leur…

Mais, vous l'avez remarqué, en matière de sécurité routière, selon le coupable du jour à enfoncer, la première cause de morts sur les routes, le lundi, c'est la vitesse, le mardi, c'est l'alcool, le mercredi, l'endormissement, etc. Comme on ne peut pas hiérarchiser les causes généralement multiples d'un accident, c'est bien pratique.

Cette fameuse étude nous apprend donc que "trois quarts des professionnels de santé pensent avoir un rôle à jouer pour aider leurs patients à conduire en sécurité".

Ils pensent l'avoir, ou ils le jouent réellement, ce rôle ? Parce que ce n'est pas la même chose… Entre le généraliste qui informe un épileptique des dangers qu'il peut faire courir aux autres en roulant et l'ophtalmo qui voit, sans s'inquiéter, un malvoyant qui a du mal à trouver la sortie du cabinet et chercher ses clés de voiture au fond de sa poche, il y a quand même une différence !

Étonnant : "38 % de sages-femmes ne pensent pas avoir un rôle à jouer dans ce domaine." Il faudrait donc croire que les 62 autres profiteraient de l'exécution d'une échographie pour conseiller à la patiente (blonde, bien sûr…) de ne pas téléphoner au volant : une performance ! Sans méchanceté, on se tapote le menton devant l'intérêt de ce type d'enquête…

Dans la même veine, mais dans la rubrique "enfoncement de portes ouvertes", on retiendra l'initiative de ce jour d'une palanquée de confrères pour renforcer la lutte contre l'alcoolisme : faire figurer, "de façon claire, lisible et contrastée", la formule "l'alcool est dangereux pour la santé" sur les boissons concernées.

Vous pensiez que c'était déjà fait ? Eh non : aujourd'hui, seul l'ABUS d'alcool est pointé comme dangereux…

Subtil, non ? Mais que cette initiative soit propre à modifier profondément les habitudes de consommation du samedi soir, il est permis d'en douter…

Richard Hanlet
Richard Hanlet
Médecin en retraite, expert honoraire près la Cour d'appel de Versailles

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