Les deux leaders populistes se sont rencontrés mardi, à Milan, avant d’exprimer leurs convergences de vues sur l’immigration illégale lors d’une conférence de presse commune. Le Premier ministre hongrois a estimé que son pays avait prouvé qu’il était possible de stopper l’immigration illégale par voie de terre et que c’est désormais au tour du ministre de l’Intérieur italien de montrer que c’est aussi possible pour l’immigration par voie de mer.

Ces déclarations intervenaient quelques jours après que Salvini eut expliqué que son but ultime n’était pas la relocalisation des immigrants postulée par Rome mais l’arrêt total de l’immigration illégale. Le leader de la Ligue cite explicitement le modèle australien, la politique « No Way » qui fonctionne très bien depuis sa mise en place en 2013. Il veut faire en sorte "qu’aucune personne arrivant en canot pneumatique ne puisse mettre les pieds en Europe, car sinon nous ne démonterons pas le business de la mafia des passeurs". Son homologue du Fidesz dit exactement la même chose : tous les immigrants arrivés illégalement doivent être renvoyés chez eux car, sinon, "les trafiquants d’êtres humains auront gagné" et "les immigrants continueront de venir par vagues". Il dirige, certes, un pays de taille modeste, mais a le soutien des trois autres pays du Groupe de Visegrád. Ensemble, le V4 compte 65 millions d’habitants (autant que la France ou l’Italie) et pèse plus que la France dans le commerce extérieur de l’Allemagne. Mais pour le Premier ministre hongrois, la défense des frontières de l’Europe face à l’immigration-invasion est aujourd’hui entre les mains de Matteo Salvini, dont il a dit qu’il était son héros.

C’est important de le souligner, car ainsi que l’a énoncé Orbán à Milan, ce sont deux camps qui s’opposent, aujourd’hui, en Europe. Le premier, mené par le Président français Emmanuel Macron qui profite des problèmes de Merkel, rassemble Bruxelles, Berlin, Paris et Madrid. Ce sont les capitales qui cherchent "à gérer au mieux l’immigration [illégale] », pour reprendre les mots du Premier ministre hongrois. Le deuxième camp, qui rassemble le V4, l’Italie, l’Autriche et quelques autres pays, de plus en plus nombreux, cherche à stopper cette immigration illégale. Aux côtés de Viktor Orbán, Matteo Salvini a proposé une alliance contre les socialistes, et plus généralement contre les gauches en Europe.

À l’inverse, dans son discours tenu le 27 août à la conférence des ambassadeurs, Emmanuel Macron a nié, contre toute évidence, que la crise migratoire durait encore, estimant qu’il ne s’agissait plus que d’une crise politique, et il s’en est pris directement au Premier ministre hongrois accusé d’être pour l’Europe des fonds structurels mais "contre l’Europe quand il s’agit de tenir de grands discours sur la chrétienté". Macron donne ainsi un sens très particulier à la notion d’Europe. Une Europe qui ne pourrait, semble-t-il, correspondre qu’à ses idées libérales-libertaires. Mardi, à Milan, Salvini lui a répondu en ces termes, soulignant l’hypocrisie du Président français : "Macron, dont la popularité dans son pays atteint des niveaux historiquement bas, est le premier qui devrait faire preuve de solidarité en rouvrant la frontière à Vintimille."

Entre les gouvernements populistes et les gouvernements mondialistes de l’Union européenne, les hostilités sont ouvertes. La prochaine étape : les élections du 9 septembre en Suède, où l’on s’attend à une forte progression du parti anti-immigration Démocrates de Suède et à un résultat historiquement bas du parti social-démocrate qui a orchestré la grande vague d’immigration de 2015.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 19:27.

4564 vues

30 août 2018 à 8:45

Partager

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.