Rythmes scolaires : vers un nouvel affrontement ?

L’organisation du temps scolaire est un sujet sensible sur lequel il est difficile de trouver un consensus. M. Blanquer, le nouveau ministre de l’Éducation nationale, intervenant en ouverture du congrès de la FCPE (principale fédération de parents d’élèves du public) samedi à Biarritz, a évoqué le sujet. Il s’agirait de "mieux étaler le temps de l’enfant sur une base hebdomadaire, mais aussi sur une base annuelle". En bon français, il s’agit de revoir les durées hebdomadaire et annuelle de travail.

Le décret permettant aux écoles d’adapter le temps de travail hebdomadaire des écoles est déjà prêt. Il s’agit de leur permettre de revenir à une semaine de quatre jours (huit demi-journées) au lieu de cinq depuis la réforme précédente des rythmes scolaires, qui avait suscité de nombreuses oppositions. C’est, notamment, la question des activités périscolaires (le temps entre la fin des cours et la sortie de l’école), prises en charge par les communes, qui posait problème. Le texte fixant le principe général (neuf demi-journées de cours) ne changerait pas mais les dérogations seraient plus larges et aboutiraient de facto à de plus grandes variations locales (dans des bornes définies par la loi) décidées par le conseil d’école. Les réalités d’une école de centre-ville d’une grande ville ne sont pas celles d’une école rurale de village. Il n’est pas idiot de permettre à chaque école de s’y adapter en tenant compte des besoins des enfants, mais aussi des rythmes familiaux et du tissu associatif et social local. À part quelques jacobins obtus, nul ne devrait y voir problème.

La question de l’organisation annuelle est plus difficile. Le ministre évoque la possibilité d’une rentrée à la fin du mois d’août. Mettre en avant cette seule mesure ne veut pas dire grand-chose.

Le problème de l’organisation de l’année scolaire est celui de la quadrature du cercle : il faut concilier l’intérêt de l’enseignement (les spécialistes estiment que le meilleur rythme est celui de sept semaines de cours suivies de deux semaines de vacances), celui des familles et celui de l’industrie du tourisme. À vrai dire, jusqu’ici, c’est surtout ce dernier intérêt qui est pris en compte : les trois zones de vacances et l’avancée des vacances de printemps sont surtout faites pour satisfaire les stations de sports d’hiver. Forcément, on lèse les autres intérêts. Si le ministre veut les rééquilibrer, proposons-lui quelques pistes.

Il est possible de découpler le début et la fin d’année entre le primaire et le secondaire. Les nécessités de l’un ne sont pas celles de l’autre. Le secondaire pourrait terminer les cours vers début juin pour permettre ensuite le déroulement des examens, et le primaire fin juin. La rentrée serait décalée de même. Cela satisferait les professionnels du tourisme par un allongement de la période estivale. En contrepartie, le nombre de zones serait ramené à deux, de façon à permettre une meilleure alternance cours-vacances pendant l’année. Avec une semaine commune pour que les familles éclatées ou recomposées puissent se retrouver plus facilement. La durée des vacances d’été ne doit pas être un tabou mais elle ne doit pas être non plus un totem.

Souhaitons que M. Blanquer prenne le temps de la réflexion avec l’ensemble des acteurs sans bouleverser le calendrier déjà établi pour les prochaines années. Il y a bien d’autres choses à faire avant cela pour améliorer la qualité déclinante de l’enseignement en France.

Pierre Van Ommeslaeghe
Pierre Van Ommeslaeghe
Professeur de philosophie

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois