Ainsi, le Président en mission européenne auprès de Poutine a accordé, vendredi soir, une rencontre, sur place, à la journaliste vedette de BFM TV.

Je ne dis pas « interview », d’abord pour ma réaction allergique éruptive à la « franglisation » permanente et barbare de notre langue, ensuite car l’entretien s’est révélé un quasi-monologue de l’intéressé, offensif, voire virulent sur certains aspects !

Les conversations avec son hôte russe avaient dû être rudes qui lui ont fait sourdre un zeste d’adrénaline dont la journaliste a fait les frais.

Après les petites chaises de l’école communale en compagnie de Pernaut dans une conversation aimable et courtoise méritant dix bons points, la performance élyséenne, face aux deux compères peu conquis, permit d’entendre les questions et mêmes les commentaires acerbes du « mediaparteur » très partial, trouvant une tribune dorée pour ses invectives gauchistes.

À Saint-Pétersbourg, dans un décor plus anonyme que le palais présidentiel et moins ludique que la classe de Berd’huis, l’élément important de la disposition scénique était une table basse. Elle a constitué le soutien sonore aux opinions et argumentations, car frappée régulièrement du poing présidentiel pour appuyer avec véhémence les éléments essentiels de ses longs développements.

La pauvre journaliste était interrompue brutalement dans ses tentatives de questions. Pire : on a ressenti avec une certaine commisération l’impression qu’elle était la représentante des sceptiques ou opposants et la victime expiatoire et solitaire d’une vindicte contre les esprits rétifs de syndicalistes bornés et autres citoyens malentendants...

Sans doute la parité exigeait-elle qu’enfin une femme prenne place en face de lui, après les deux rencontres précédentes. Mais fallait-il encore accorder licence à BFM TV - je rappelle Business Frequency Modulation, en français ? D’ailleurs, une protestation des médias nationaux a surgi à l’occasion. La prochaine postulante du PAF à cet exercice devrait être une - ou plusieurs - femme de France Télévisions, à moins que le ressentiment provoqué par les préférences présidentielles ne conduise à un « boycott » - j’emploie le terme à dessein pour que l’intéressé entende - du collectif journalistique public...

Le CSA, grand juge de l’égalité et vigilant quant au respect d’un large spectre des chromatismes médiatiques, pourrait y veiller et peut-être, à l’occasion, tirer la manche du responsable communication de l’Élysée.

Pour ce qui a été développé au micro de Ruth Elkrief, à défaut d’avoir entendu ses questions, se reporter aux diverses analyses et conclusions des nombreux commentateurs...

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 27/05/2018 à 22:56.

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26 mai 2018 à 19:19

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