Un pistolet factice braqué sur la tempe d'un professeur et ses collègues s'emballent. Que leur prend-il, à ces sages fonctionnaires d'État, dont beaucoup sont de gauche, à se plaindre ainsi alors qu'ils subissent agressions, insultes et intimidations depuis des décennies ? Quelques statistiques tournent autour du pot sans oser nommer les choses : les agressions ont lieu dans les zones sensibles, oui. Pour près de la moitié, elles ont lieu dans les établissements d'enseignement technique et professionnel, oui. En résumé, les auteurs pourraient être majoritairement (ce n'est pas un secret) d'origine africaine et nord-africaine, mais il ne faut pas le dire comme cela.

Or, ces professeurs de gauche n'ont qu'une hantise : être taxés de racisme et d'islamophobie, ce qui vaut bien que l'on souffre en silence plutôt que de se plaindre d'élèves au profil de chance pour la France, alors même que ces professeurs sont des promoteurs du multiculturalisme. Il y a, ainsi, un « mur de l'islamophobie » : tout endurer plutôt que d'être désigné comme islamophobe. D'autant que d'éventuelles sanctions, mal vécues dans les quartiers, pourraient occasionner des mesures de rétorsion, comme ils sont quelques-uns à le dire ces jours derniers. En d'autres lieux que les cités sensibles et avec un autre public, l'arsenal des retenues et exclusions est parfaitement opérationnel et avec des résultats.

On aurait tort de penser que ce mur n'est actif que dans l'Éducation. Pour les porcs que l'on balance, c'est pareil. Avec les Blancs quinquagénaires solvables, ça marche. Quand les atteintes aux femmes ont lieu dans les quartiers sensibles, ce sont les trottoirs qui ne sont pas assez larges, comme l'a expliqué Caroline De Haas. Pour l'antisémitisme, c'est pareil. Quand il s'agit d'affidés de l'extrême droite, les sanctions tombent. Quand il a lieu en banlieue, on laisse, en silence, les juifs déménager. Pour l'homophobie, même tarif. En province, on est puni. En cités sensibles, de la part de musulmans extrémistes, il ne se passe pas grand-chose, il s'agit d'une culture et l'accusation d'islamophobie guette. Il y a bien une classification des accusations et des hontes, au premier rang desquelles l'islamophobie, qui vaut bien que l'on ferme les yeux sur tout un tas d'exactions quand elles sont commises par des gens susceptibles de victimisation.

Roger Cukierman, ancien président du CRIF, avait eu des mots malheureux voici quelques années, expliquant que la très grande majorité des actes antisémites en France était le fait de jeunes musulmans : viré. Il ne fait pas bon dire la réalité ; jusqu'à quel point ? Les camarades professeurs sont prêts à souffrir pour ne pas apparaître comme islamophobes, à demander rapidement leur mutation, à ne pas cautionner les quelques auteurs clairvoyants qui mentionnent, depuis des années, les problèmes qu'ils subissent. Mais avec un pistolet sur la tempe, l'instinct de survie prend le dessus, alors on avoue, presque tout. Reste à savoir si, au gouvernement, le poids de la correction politique sera supérieur à l'instinct de survie...

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25 octobre 2018 à 9:27

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