« Je reste chez LR pour porter cette ligne d’ouverture vers Dupont-Aignan, Mariani, Ménard et Marion Maréchal-Le Pen »

L'ancien responsable des Jeunes avec Calmels explique, au micro de Boulevard Voltaire, les raisons de sa démission. Il juge la numéro 2 de LR "trop à gauche" et lui reproche son refus de dialoguer avec Nicolas Dupont-Aignan, les Ménard, Gilbert Collard, etc. "L'avenir des Républicains passe par un combat civilisationnel et identitaire." Or, "l'anticonformisme d'Emmanuel Macron oblige la droite à être réactionnaire, libérale et conservatrice. Pourquoi ne serions-nous pas plus transgressifs qu'Emmanuel Macron ?"

Il défend la logique de son parcours et répond aux accusations d'opportunisme. "C'est, au contraire, une prise de risque pour moi."

Pour quelles raisons avez-vous quitté Virginie Calmels ?

Il me semble que beaucoup de gens à droite sont marqués par leurs échecs et devraient désormais laisser la main. J’avais rejoint Virginie Calmels précisément pour son profil nouveau en politique. Elle m’était apparue comme une véritable femme de droite. Elle a malheureusement choisi une ligne modérée qui refuse une droite réunissant diverses sensibilités. Je ne veux pas servir une personne qui se réduit à une caution, trop à gauche, selon moi, chez les Républicains.
Les partis politiques sont terminés et je crois que, sans parler d’alliances, il faut aujourd’hui se réunir autour de projets. Et pour cela, il faut commencer à faire un effort de discussion entre sensibilités représentant la droite de René Raimond, la droite orléaniste et bonapartiste, mais aussi la droite des légitimistes. C’est la raison pour laquelle il y a eu fracture lorsqu’elle a refusé la voie proposée par Thierry Mariani lors de sa tribune de l’appel d’Angers dans laquelle il proposait des pistes pour un projet commun. Je souhaite pouvoir discuter avec des personnalités politiques comme Emmanuelle Menard, Nicolas Dupont-Aignan ou Gilbert Collard.

Vous rapportiez que les termes dont usent les électeurs Républicains à l’égard de Marion Maréchal Le Pen étaient plutôt élogieux. Pensez-vous que l’avenir est plutôt à droite qu’avec Emmanuel Macron ?

Totalement. Je pense que l’avenir des Républicains passe par un combat identitaire et civilisationnel. Il ne passera pas à mon sens par une droite comptable qui discute de savoir s’il faut 2 ou 3 points de plus ou de moins de CSG ou une augmentation ou une baisse des dépenses publiques. Je crois qu’il faut un véritable projet de société et arrêter de croire que les Français votent en fonction de leur portefeuille.
Marion Maréchal avait des choses intéressantes à apporter. Mais il y en a d’autres. Je citais Emmanuelle Ménard, Robert Ménard ou Nicolas Dupont-Aignan. Nous avons la chance d’avoir un président, Emmanuel Macron, qui n’est pas aussi caricatural que pouvait l’être François Hollande. Il nous oblige par conséquent à aller plus loin, et ne pas nous contenter d’une droite "bonne gestionnaire" comme nous le faisons depuis 20 ans, mais une droite qui souhaite accomplir une contre-révolution. La droite doit être réactionnaire et contre-révolutionnaire. Je pense qu’elle doit s’organiser autour d’un socle libéral, au sens strict du terme, et conservateur.

Au départ, vous étiez au Front national, puis vous avez rejoint Bruno Le Maire et enfin Virginie Calmels. Certains chez Les Républicains vous accusent d’agir un peu par ambition personnelle et de privilégier votre carrière à la fidélité. Que leur répondez-vous ?

Je leur réponds que leur remarque est assez amusante, parce que tendre la main aujourd’hui à Emmanuelle Menard, Nicolas Dupont-Aignan ou Marion Maréchal-Le Pen, alors qu’on est aux Républicains et proche du numéro 2 du parti, relève il me semble davantage une prise de risque qu’une gestion de carrière. Les retours récents suite à ce positionnement me le démontrent parfaitement.
La cohérence de ma ligne directrice est assez claire. Je suis entré au Front national à 17 ans, lors du Congrès de Tours. J’avais quitté en 2012 la ligne de Sarkozy portée par monsieur Buisson. Je trouvais que la ligne sociale de Marine Le Pen était un peu socialiste et avait ainsi fait prendre un virage à la ligne du FN. Aux Primaires, j’avais rejoint Bruno Le Maire, car c’était une personnalité nouvelle. Je ne me voyais pas travailler avec Nicolas Sarkozy ou François Fillon qui pour moi avaient échoué. Il avait au départ une ligne très identitaire qu’il a ensuite abandonnée. J’avais trouvé cela dommage. Ce sont les mêmes raisons pour lesquelles j’avais rejoint Virginie Calmels qui reste pour moi une femme de droite. Si elle avait réussi à aller jusqu’au bout de sa logique et de se "trumpiser", je pense que c’eût été très intéressant. Une femme venant de l’entreprise et des médias, elle pourrait faire quelque chose d’extraordinaire. On n’est pas à l’abri qu’elle le fasse à terme et je l’espère, car je crois qu’elle est fondamentalement de droite. J’espère qu’elle en aura le courage. C’est souvent ce qui différencie une partie de la droite de l’autre ,de pouvoir dire les choses sans être attachée par des lobbys ou des groupes d’influence.

Comptez-vous rester chez Les Républicains ?

Je souhaite en effet rester chez les Républicains. Je continue à aller aux événements. J’y ai des amis. Je continue à les voir pour porter cette ligne. Je pense qu’il faut rechercher des nouvelles alliances. Il faut poursuivre la logique qu’a entraînée En Marche et qui a éclaté les partis. Emmanuel Macron sait travailler avec Daniel Cohn-Bendit, un révolutionnaire de Mai 68. Je ne vois pas pourquoi nous ne serions pas plus transgressifs qu’Emmanuel Macron qui apparaît parfois plus anti-conformiste que la droite. C’est inquiétant.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 13/05/2018 à 22:08.
Érik Tegner
Érik Tegner
Président du Collectif Racines d'Avenir - Ancien leader des jeunes avec Calmels

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