« La responsabilité des politiques est d’arriver à rassembler le peuple »

Nadine Morano déplore la polémique suscitée par les récents propos de Laurent Wauquiez et fustige la "méthode de voyous" des cadres de LR atteints de "macronite aiguë" qui ont pris ce prétexte pour quitter le parti.

Selon elle, le système des partis et les accords d'appareils ont montré leurs limites : ce qu'il faut, c'est "rassembler les Français autour d'un grand projet mobilisateur".

Nadine Morano, quelques cadres ont quitté votre parti suite aux propos de Laurent Wauquiez à l’EM Lyon. On pense à Dominique Bussereau et Fabienne Keller entre autres.
Comment réagissez-vous au départ de vos anciens collègues ?

Il n’y a rien de surprenant. Cela fait déjà bien longtemps qu’ils s’étaient mis de l’autre côté de la porte de notre parti politique. Certaines personnes que vous citez sont atteintes d’une forme de macronite aiguë depuis longtemps.
S’ils cautionnent cette politique menée par le président de la République, ce n’est pas notre cas. Nous sommes contre l’augmentation de la CSG qui pénalise lourdement les retraités modestes. Nous ne cautionnons pas la politique qui est menée en matière d’immigration et le laxisme que nous constatons. Nous ne cautionnons pas non plus la politique de sécurité qui par ailleurs est dans la continuité de celle de François Hollande.
Si leur ligne politique est celle-là, qu’ils l’assument et qu’ils partent. Mais qu’ils ne cherchent pas de prétextes. Depuis que monsieur Macron a été élu, certains se sont laissés séduire par cette forme de pouvoir.

La raison invoquée est selon vous plus un prétexte qu’autre chose.

Cette polémique est tellement insensée. D’ailleurs, je me demande comment on peut se permettre de commenter des propos qui n’étaient pas censés tomber dans la sphère publique et qui sont le fruit d’une méthode de voyous et de coups tordus du quotidien.
On ne devrait même pas à avoir à les commenter. Ces propos ne devraient pas se retrouver sur la place publique.
S’ils acceptent qu’on puisse se servir de coups tordus, grand bien leur fasse. Quant à moi, je trouve cela détestable.

Pensez-vous que l’union des droites est encore un sujet tabou ?

Vous vous focalisez sur les systèmes de partis alors que moi, lorsque je fais de la politique, mon objectif n’est pas de rassembler quelques individus, mais de rassembler les Français autour d’un projet. C’est cela la réalité de la vie politique. Ce n’est pas de dire « tiens, comment peut-on faire avec un tel ou un tel » qui par ailleurs exprime des divergences de vue sur des sujets qui ne sont pas les nôtres.
Je crois que la responsabilité des politiques n’est pas d’être rassemblés entre quelques-uns. Elle est d’essayer de rassembler le peuple, quel que soit son orientation politique ou les choix qu’il a fait à un certain moment. Et c’est mon objectif.
Aux dernières élections présidentielles, la somme de ceux qui se sont abstenus, ont voté blanc, nul et pour Marine Le Pen, représente à peu près 64,5 % des voix. Cela prouve à quel point le corps électoral en France est déstabilisé.
Un grand projet mobilisateur pour la France, voilà ce qui m’intéresse. Chacun peut parler, discuter et dialoguer avec les électeurs. Chacun peut formuler des propositions. Ensuite, ce sont les électeurs qui choisissent.
Les accords de parties ne sont pas importants. D’ailleurs, vous avez très bien vu que l’accord trouvé entre madame Le Pen et monsieur Dupont Aignan n’a pas convaincu les Français. Ce qui est important, c’est plutôt le rassemblement du peuple de France.

Nadine Morano
Nadine Morano
Ancienne ministre, députée européenne

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