Commentant, sur RTL, la décision prise par le gouvernement de renoncer à la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, Valérie Pécresse a tenu des propos sensés : "Il ne faut pas donner le sentiment que la démocratie peut être bafouée par des groupes de pression, qui font pression, parfois violente, contre l'autorité de l'État", a-t-elle déclaré, ajoutant qu’"il faut, à chaque fois que l'on fait un référendum, qu'on en respecte les résultats, ou qu'on en fasse un autre".

Au-delà de l’opportunité de cet aéroport, c’est en effet l’autorité de l’État qui est en jeu. Le problème, c’est qu’on peut légitimement se demander si Valérie Pécresse est la mieux placée pour donner cette leçon de morale politique.

On pense d’abord au référendum de 2005, quand le peuple français rejeta le "projet de traité constitutionnel européen". Nicolas Sarkozy, devenu président de la République, fit approuver par le Congrès le traité de Lisbonne, avatar du projet initial. On ne se souvient pas que Valérie Pécresse, devenue ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, s’en soit alors offusquée.

On pense, aussi, au débat sur "le mariage pour tous", où elle se trouvait aux premières lignes dans l’opposition à la loi Taubira. En 2013, quand le vent de la contestation était porteur, elle participait régulièrement aux manifestations géantes organisées par la Manif pour tous.

La fidélité politique ne semble pas non plus son fort. Elle qui avait soutenu bec et ongles François Fillon, dans son duel fratricide contre Jean-François Copé pour la présidence de l’UMP, a choisi de soutenir Alain Juppé à la primaire de la droite et du centre, avant même que François Fillon ne subisse ses déboires. Se voyait-elle alors Premier ministre ?

La présidente de la région Île-de-France, en accumulant de l’expérience, a pris tous les défauts des vieux briscards de la politique : experte en contradictions et revirements. Dans ces conditions, de quel crédit peut-elle disposer ?

Ces lignes sont un peu dures contre une femme qui a réussi à s’imposer en politique et à reprendre l’Île-de-France aux socialistes ? Sans doute. Mais c’est la rançon des espoirs qu’elle avait suscités au moment du débat sur le mariage pour tous. Pour séduire cet électorat conservateur, elle l’a dragué sans vergogne. Il pouvait lui être utile pour l’emporter plus tard aux régionales.

Celle qui avait voté contre la loi Taubira n’a pas eu grand mal à changer de position. Comme beaucoup, à droite, elle a cédé au politiquement correct, estimant que cela lui rapporterait.

Elle ne partage pas la ligne de Laurent Wauquiez et a fondé son propre mouvement : Libres ! Libre de jouer perso. On ne s’en étonne pas. Elle adapte ses convictions aux circonstances. Dans quelques mois (qui sait ?), elle trouvera tous les charmes à l’action d’Emmanuel Macron, pour peu qu’elle y trouve son intérêt. Elle fait de la politique, de la vieille politique. Comme Bayrou, Juppé et Raffarin, elle a fait son temps, même si elle n’a pas leur âge.

Laurent Wauquiez peut voir en elle un exemple à ne pas suivre, s’il veut réussir dans sa reconstruction de la droite !

5131 vues

24 janvier 2018 à 1:05

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.