Rentrée en musique : du pipeau ?

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Monsieur Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, a souhaité que la rentrée scolaire soit placée sous le signe de la musique. Véritable engagement en faveur de la culture ou simple poudre aux yeux ?

C’est fin juin que les recteurs ont envoyé un courrier aux chefs d’établissement pour relayer le souhait du ministre que, dans chaque établissement, un événement musical soit organisé pour l’accueil des nouveaux élèves. Autant dire qu’à un moment où les collèges et lycées sont en plein dans les examens de fin d’année et à deux semaines de la fin de l’année, rien de bien sérieux ne pouvait être organisé. La grande majorité des établissements n’offriront que quelque chose de symbolique ; d’autant que la rentrée, surtout pour les nouveaux élèves, nécessite beaucoup de formalités diverses. Peut-on, alors, parler de mesure pipeau ?

Il faut avoir conscience qu’une rentrée se prépare très en amont. Lorsque M. Blanquer a été nommé ministre, la circulaire de rentrée signée par son prédécesseur était déjà parue. Il n’est pas possible, en quelques semaines, de chambouler ce qui a été mis en place : les dotations horaires sont fixées, les postes créés ou supprimés, les affectations d’élèves en phase finale, etc. Le ministre nommé en juin n’a quasiment pas de marge de manœuvre et c’est sur la rentrée suivante qu’il pourra être véritablement jugé.

Le plus souvent, le nouveau ministre se dédouane des éventuels problèmes en mettant cela en avant. M. Blanquer aurait pu faire de même. Il ne l’a pas fait. Depuis juin, ce sont plusieurs mesures, pas seulement symboliques, qui ont été mises en œuvre : possibilité pour les communes de revenir à la semaine de quatre jours ; rétablissement des classes bilangues et des langues anciennes ; envoi des Fables de La Fontaine à des élèves de CM2 ; abandon de la méthode globale pour l’apprentissage de la lecture ; dédoublement des classes de CP dans les réseaux d’éducation prioritaire renforcés. Elles ne sont, pour la plupart, que des annonces qui demanderont à être mises en œuvre, notamment par l’attribution des moyens nécessaires et la publication de décrets et circulaires d’application. Mais les signaux sont là et ils sont clairs.

À vrai dire, M. Blanquer esquisse les contours de ce qu’aurait dû être une réforme de droite de l’Éducation si les gouvernements dits de droite avaient vu celle-ci autrement que comme une source de dépenses uniquement.

La rentrée en musique est, certes, un symbole. Celui d’un retour de la culture dans l’Éducation nationale. Espérons que ce soit plus qu’une hirondelle.

Pierre Van Ommeslaeghe
Pierre Van Ommeslaeghe
Professeur de philosophie

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