On me disait qu'une campagne électorale se gagnait sur les réseaux sociaux, avec des start-uppers plus innovants les uns que les autres. Et, évidemment, avec M. Macron, on allait voir ce qu'on allait voir !

Quelle ne fut pas ma stupeur quand je découvris que, pour lancer ce front républicain qui ne veut pas venir à lui, le jeune prodige des fusions-acquisitions en tous genres avait, vendredi soir, chaussé et fait chausser des charentaises pour réunir autour de Brigitte deux anciens Premiers ministres, l'un de droite, l'autre de gauche.

L'inénarrable M. Raffarin, souvenez-vous : l'homme de L'Esprit de mai (2002), l'auteur enflammé des célèbres raffarinades : « Quand la route ... » 68 ans.

Et puis... et puis... Je m'attendais à Ségolène, dans ce marais poitevin qui porte si bien son nom. Non, M. Macron est devenu une machine à remonter le temps. Vous pensiez qu'il allait nous faire entrer dans la modernité, pousser la France vers l'avenir, nous montrer de nouveaux visages attractifs ? Non, il est en marche vers le... passé. Au-delà de Hollande et de Ségolène, ses promoteurs. Au-delà de Chirac, son nouveau dieu. À Châtellerault, il avait placé au premier rang, à côté de Brigitte, la célébrité locale oubliée : Édith Cresson. Pour les plus jeunes : Édith Cresson, 84 ans, avant-dernier Premier ministre de François Mitterrand en… 1991-1992. Le plus court séjour à Matignon. Une impopularité record. Un avant-goût du profil de son Premier ministre ?

Je me pose une question : dans sa seconde semaine de campagne, qui M. Macron va-t-il inviter pour son dernier meeting ? MM. Juppé et Balladur ? 72 et 88 ans . Ou alors ? Deux anciens Présidents : Brigitte flanquée de Chirac et Giscard ! 85 et 91 ans ! Vous imaginez les photos dans Gala ? Le coup de jeune que ça lui mettrait ! Avec elle, on arriverait à 250 ans ! L'Ancien Régime, quoi ! On imagine que, pour l'équipe d'En marche !, les tractations sont intenses, ces jours-ci...

Certes, la France compte 14 millions de retraités, et autant d'électeurs, mais je ne suis pas sûr qu'ils soient très flattés par ce racolage des déambulateurs.

Et puis, contrairement à M. Raffarin, M. Juppé et Mme Cresson, ils ont, eux, peut-être une once de remords d'avoir confié, des décennies durant, le pouvoir à cette armée de politiciens qui coulent aujourd'hui des jours de retraite privilégiés, quoiqu'un peu dérangés par les macroneries de leur poulain agité.

Le remords d'avoir élu et réélu ces hommes et ces femmes politiques qui ont, à tour de rôle, et ensemble, laissé la France dériver.

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30 avril 2017 à 18:58

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