Radicalisation d’une jeune Française : qui sont les vrais responsables ?

Mercredi, à Montpellier, une jeune Française de 26 ans a été condamnée à trois ans de prison, dont un avec sursis, pour apologie du terrorisme. Convertie à l’islam, elle tenait, selon le président du tribunal, "un discours particulièrement virulent sur la nécessité de faire le jihad et de combattre" » tous les non-musulmans.

Sur son téléphone, on a trouvé "des photos de femmes et d'enfants en niqab ou en burqa, des fichiers audio de chants à la gloire de l'État islamique, des vidéos d'un enfant qui décapite une poupée, des images d'attentats et de décapitations de prisonniers". Elle envisageait d’épouser un homme vivant en Tunisie pour rejoindre "la Syrie, l’Irak ou le Yémen".

Les parents n’ont rien vu venir. Quelques signes de radicalisation auxquels ils n’ont sans doute pas prêté suffisamment attention : elle s'était convertie après avoir fréquenté la mosquée de Lunel, suivait des cours d'arabe, s'habillait avec des vêtements noirs et commençait à se cacher les cheveux.

Cette jeune femme, qui s’était autrefois présentée à un concours de Miss, aurait eu une adolescence difficile : fugues, vente et consommation de drogue. Mais tous les enfants qui succombent aux addictions ou à la petite délinquance ne se transforment pas en apprentis djihadistes. Elle était mal dans sa peau et a cru trouver un idéal dans cette idéologie mortifère.

Il ne s’agit pas de lui trouver des excuses, mais il semble que, dans cette affaire, nos gouvernants, la société, nos institutions ne soient pas exempts de responsabilité.

Pourquoi les mosquées ne sont-elles pas plus surveillées ? Pourquoi ne ferme-t-on pas systématiquement celles qui tiennent des discours islamistes, pourquoi n’expulse-t-on pas les imams qui les tiennent, quand ils sont étrangers ? Pourquoi ne fait-on pas pression sur les États qui financent, directement ou indirectement, le terrorisme ? Par crainte de rompre avec la démocratie ou par intérêt financier ?

La répugnance de nos dirigeants à désigner l’adversaire est une autre manifestation de faiblesse. Il ne suffit pas de parler de « terrorisme » ou de « barbarie », il faut reconnaître que les djihadistes, quelle que soit leur obédience, combattent au nom de l’islam. Tous les musulmans ne sont pas terroristes, mais force est de constater que tous les terroristes se réclament de la religion musulmane.

Quand le gouvernement en prendra-t-il conscience ? Quand renoncera-t-il à ce relativisme qui consiste à mettre toutes les religions sur le même plan ? Il n’y a pas de communautarisme catholique, protestant ou juif qui menace la République française, mais une montée de l’intégrisme musulman dans la société française. Le nier, c’est s’en rendre complice. François Fillon, malgré toutes ses erreurs, a eu raison de déclarer, pendant sa campagne, que le problème, "c'est l'intégration de la religion musulmane dans la République".

Mais la plus haute responsabilité revient à une société qui n’offre à la jeunesse aucun idéal élevé. Certes – et heureusement –, beaucoup de jeunes s’engagent pour l’intérêt commun, mais ce n’est pas notre société qui les y incite. Les politiciens, à de rares exceptions près, ne proposent qu’un monde individualiste, matérialiste, où la seule valeur qui prévale est l’argent.

Ceux qui dénoncent cette situation, ceux qui osent contredire la pensée unique sont immédiatement déconsidérés et traités de réactionnaires. Pourtant, si l’on ne réagit pas quand la société est en déclin, on prend part à sa mise à mort. Pire : loin de résister, on laisse le champ libre à l’impérialisme des fanatiques.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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