Dans un article du Point intitulé « Catherine Millet s'explique sur son “regret de ne pas avoir été violée” », Catherine Millet avance que votre fille n’aurait pas dû résister à son violeur pour éviter d’être assassinée. Pour elle, c’est en somme son comportement de "jeune fille catholique" soucieuse de "défendre sa pureté" qui est responsable de sa mort. Comment avez-vous réagi à la lecture de cet article ?

Les propos de cette personne sont abjects et inexacts. De quel droit porte-t-elle un jugement sur le comportement d’Anne-Lorraine, confrontée à un agresseur déterminé ? À la lire, Anne-Lorraine a fait un « mauvais choix » et, donc, ne peut s’en prendre qu’à elle d’avoir été assassinée ? C’est odieux et cette personne a perdu une occasion de se taire. Quant à l’hebdomadaire qui a jugé opportun de publier de tels propos, par goût du sensationnel sûrement, il n’en sort pas grandi. Notre famille est unanimement fière de l’attitude d’Anne-Lorraine dans ces instants tragiques. Au demeurant, ces propos sont inexacts, car le meurtrier récidiviste avait été confondu par sa première victime et l’instruction a révélé qu’il s’était bien promis, la prochaine fois, de ne pas laisser la vie à sa seconde victime.

Le père Grosjean, prêtre fréquemment présent sur la scène médiatique, s’est indigné sur Twitter de ces propos et a demandé à Marlène Schiappa de "défendre la mémoire d’Anne-Lorraine". C’est aussi ce que vous réclamez ?

Je ne « réclame » rien à madame Schiappa. Je souhaite simplement, pour toutes les femmes victimes de viol, qu’elle ait un discours unique et sans aucune concession vis-à-vis des violeurs et de toutes celles et ceux qui, plus ou moins implicitement, leur trouvent des justifications et des circonstances atténuantes.

De manière générale, que demandez-vous à ce gouvernement ?

Pas de communication, mais des actes ! Notamment en rendant impossible la requalification de crime de viol en agression sexuelle, en rétablissant des peines plancher pour les récidivistes, en s’assurant que les individus condamnés pour viol ne bénéficieront pas, en catimini, de réductions automatiques, de libérations conditionnelles et autres…

Propos recueillis par Gabrielle Cluzel

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28 février 2018 à 16:09

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