Loin de la foule déchaînée, le Président se consacre à ses occupations internationales plutôt que domestiques. L'écoute des rumeurs de la foule citoyenne, fût-elle colorée de jaune fluo et donc visible même la nuit, n'est pas de ses compétence et attention régaliennes !

Des missions et rencontres essentielles – pour l'Europe ? - ont rempli son agenda de la semaine succédant à la manifestation initiale des gilets jaunes du 17 novembre.

Ainsi, il s'est rendu en Allemagne, voir son amie - et alliée – Merkel, puis en visite d’État de deux jours en Belgique où il a oublié, soudain, sa forte désapprobation antérieure pour l'achat d'avions de combat américains F-35 : "C'est un choix souverain du gouvernement belge" (sic).

Il a fallu les débordements constatés à la lointaine Réunion pour qu'il fasse des premiers commentaires se rapportant à l'ordre et la sécurité. Par messages sur Twitter.

Depuis, une admonestation sévère a été émise par le même canal avec l’opprobre porté contre les fauteurs de troubles mal identifiés dans son court message où le mot "honte" a fusé par trois fois, après un petit merci initial et bienveillant, sinon condescendant, aux forces de l'ordre.

Le tweet est aux discours ce que l’hologramme est à la gesticulation sur scène : une illusion en tromperie d’une hypocrite outrecuidance qui dispense son auteur de tout risque de rhume social et de confrontation.

Bien calé dans un fauteuil Louis XV ou au fond d’une limousine officielle, à moins que ce ne soit depuis une suite dans un palace bruxellois, l'admonestation virtuelle donnant l'illusion de la proximité peut être clamée sans risque ou pervers effet boomerang.

Depuis son accession à l’Élysée, le gazouilleur Macron a émis 7.740 messages, soit un tous les deux jours. Rien, à comparer avec le champion du genre, son ami/ennemi Trump, le compulsif qui est sur le podium absolu avec une soixantaine par jour – de 24 heures, s'entend !

En l’occurrence, le joli nom de baptême qu'a donné au réseau son créateur Jack Dorsey, en 2006, devrait désormais être confirmé sous un vocable moins doucereux et romantique. Croasserie, du cri du corbeau, croassement - en anglais caw - semblerait mieux adapté aux éructations trumpesques quand celui de la grenouille - coassement, croak - moins agressif conviendrait incidemment mieux aux humeurs élyséennes et identité tricolore.

Mais puisque l'agenda présidentiel le dispense, cette semaine, de déplacements étrangers et autres exigences officielles, pourquoi ne reprend-il pas une petite itinérance très actuelle, à la rencontre de ces gilets jaunes qui ne demandent qu'à lui parler ? Pour une prise de bec en direct, sans gazouillis ou coassements...

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26 novembre 2018 à 20:23

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