Emmanuel Macron a été élu président de la République avec 66 % des voix. Face à lui, Marine Le Pen totalise 34 % des suffrages. C’est beaucoup pour le Front national, mais très peu pour une alternative politique crédible.

Les Français n’ont pas voté pour un projet. Ils ont déterminé qui rejeter et ont préféré éliminer Marine Le Pen que l’ancien ministre de François Hollande, le Président le plus déconsidéré de toute la Cinquième République. Contre toute attente, le libéral-libertarisme va se maintenir au pouvoir pour cinq années encore.

Le suffrage universel a parlé et nous sommes de ceux pour qui cela compte. Si les électeurs ont choisi Emmanuel Macron, fût-ce par défaut, c’est parce que l’offre politique alternative était mauvaise. La colère identitaire citoyenne menaçait d’emporter l’establishment dit progressiste. Elle n’aura été qu’un pétard mouillé. Les affaires ont disqualifié François Fillon, élu comme candidat LR sur un programme de valeurs nationales fortes. Ses électeurs ne se sont pourtant pas reconnus en Marine Le Pen, pas plus que ceux de Debout la France, malgré le ralliement de Nicolas Dupont-Aignan au prix d’une scission des instances dirigeantes de son parti. Majoritaire, la droite a perdu.

Sans doute est-ce parce que Marine Le Pen incarne un nihilisme de la colère au lieu de porter un projet fédérateur.

La perpétuation de la présidence de François Hollande à travers son successeur appelle une remise à plat des forces d’opposition. Le projet d’une France humaniste contre le progressisme mondialisé est un enjeu qui mérite que l’on sorte des chicanes de partis et des arcanes particulières. LR traverse une crise qui pourrait être rapidement mortelle, tant la rupture est grande entre leurs cadres et leur électorat, entre leur frange conservatrice et leur faction moderniste. Quant à combattre sous l’étiquette FN, c’est littéralement charger en pantalon rouge et concentrer les feux sur soi, tant ce parti reste clivant à l’image du nom Le Pen ; ses percées spectaculaires mais sans lendemain ne sont qu’une preuve de son incapacité à prendre le pouvoir. Il paralyse l’opposition, faute de la rassembler.

En revanche, des élus, des cadres et des militants éclatés entre différents partis partagent une vision commune de la France. Surtout, la grande masse des électeurs attend un projet qui ne soit pas la perpétuation des errements de ces dernières décennies ou un cri de colère sans lendemain. Du désastre de l’élection présidentielle peut naître une occasion. Celle d’un nouveau rassemblement politique alliant réalisme économique, vision de la France structurée et affirmation identitaire fédératrice. François Fillon a pris sa retraite politique. Il serait courageux que Marine Le Pen se mette en retrait. Alors se dégagerait un espace pour une droite politique renouvelée et rajeunie capable d’accéder au pouvoir, de l’exercer et de préparer le redressement de demain.

2046 vues

09 mai 2017 à 14:51

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.