Je me sens fondé à introduire mes goûts, mes dégoûts, mes sympathies et mes regrets dans l'objectivité des débats et à instiller mes humeurs dans la froide comptabilité des pourcentages.

NKM, dans la même circonscription dont le sortant était le socialiste Pascal Cherki, se retrouve au second tour mais largement devancée par le candidat LREM. Celui-ci obtient plus de 41 % quand elle se situe à 18 %.

Vaillante, avec classe, elle assume la difficulté de la tâche et se garde bien d'insulter qui que ce soit. Alors qu'elle aurait le droit d'être plus amère que quiconque. Elle invite la droite et le centre à se rassembler derrière elle parce qu'à juste titre elle répugne à "une assemblée monocolore"

NKM a et est une personnalité qui n'a jamais laissé personne indifférent. Elle m'a agacé plus d'une fois, notamment par son obsession anti-FN qui la faisait porter aux nues dans les médias.

Je sentais trop que son hostilité ressemblait à celle du seigneur à l'encontre du manant, de la distinction à l'encontre du vulgaire (voire du populaire) pour ne pas être embarrassé par la délicatesse, la réprobation aisée, une éthique, que j'admirais moins qu'elles ne me semblaient condescendantes. On a les valeurs dont votre classe vous permet de jouir. Pour beaucoup, l'humanisme sophistiqué relève d'un luxe impossible.

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Mais, à côté de cela, quelle intelligence, quelle liberté, quelle tenue, quel savoir-être politique et médiatique ! Qu'on se rappelle son comportement et sa finesse lors de la primaire ! On l'annonçait dépassée et à sa manière non tonitruante, avec un velouté qui savait se faire écouter, elle a continué à jouer sa petite musique singulière. NKM atypique, précieuse sans jamais tomber dans le ridicule, est obstinément restée dans le camp de la droite sans jamais mépriser l'opposition républicaine, en fuyant le péremptoire et la bêtise des excommunications. Une chanson douce et entêtante.

Et le scandale est que LREM a présenté contre cette candidate, si proche au moins par sa forme sinon par son fond d'Emmanuel Macron et de son aspiration au changement, un adversaire qui va peut-être la battre ! Cette attitude purement politicienne de la part du camp du Président est d'autant plus incompréhensible que celui-ci a fait preuve d'une surprenante bienveillance à l'égard de certains dont la virulence contre lui a été remarquée. Bruno Le Maire, par exemple, se retrouve ministre et va être réélu parce que LREM, par bonté d'âme, lui laisse toutes ses chances. Je pourrais en citer d'autres qui n'en reviennent pas de cette arbitraire sélection - et, sur le plan intellectuel, incohérente - qui les comble et les épargne.

Par bonté d'âme, vraiment ? Le paradoxe tient peut-être au fait que LREM sera assurée (ce qui est humain) du soutien inconditionnel de ceux qui l'auront vilipendée avant et qu'elle aura sauvés, tandis que venant des modérés comme NKM, rien n'était spécialement à espérer puisqu'ils n'auraient rien eu à se faire pardonner.

C'est une grave injustice qui a été commise si on veut bien encore considérer que la rationalité et une forme d'équité ne doivent pas demeurer étrangères aux choix électoraux.

Je veux croire que des miracles se produisent.

Pour elle qui énonce cette évidence oubliée par quelques-uns : "Il faut donner sa chance à Emmanuel Macron, mais si je dis oui à la main tendue, je dis non au garde-à-vous."

À elle, on ne lui a pas tendu la main.

Il y en a tant dont la disparition de l'espace public n'affecterait personne et dont la voix manquante ne laisserait personne orphelin.

Mais, qu'on l'aime ou qu'on la déteste, NKM est nécessaire. Le climat d'aujourd'hui est profondément le sien.

Donc, contre tous les pronostics, il faut la sauver !

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13 juin 2017 à 18:00

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