Le pouvoir a-t-il si peu conscience de lui-même pour accepter de telles indélicatesses ?

Une excellente nouvelle : Michel Lussault, président du Conseil supérieur des programmes, démissionne. Il reproche, au fond, à Jean-Michel Blanquer de détruire la vision politique de gauche à laquelle il tient pour l'Éducation nationale, malgré ses fades protestations d'objectivité. Il n'est pas parvenu, bien au contraire, à nous faire regretter ses deux ministres favoris, un homme et une femme socialistes, qu'il a cités.

J'ai aimé, aussi, que l'intelligence, la formation et le savoir de Nicolas Demorand, sur France Inter, l'entraînent, pour une fois, avec sa pugnacité coutumière, vers la tradition et le classicisme.

Le garde des Sceaux Nicole Belloubet aux côtés de Christophe Castaner. Un journaliste mâchant ostensiblement un chewing-gum pose une question au ministre sur les conditions de détention de Salah Abdeslam. Elle répond qu'elles vont être assouplies à cause de son état de santé.

À aucun moment elle n'a demandé à ce grossier journaliste, pas plus que son voisin, d'enlever le chewing-gum de sa bouche, de se retirer puis de revenir s'il le désirait. Que l'éducation (pas nationale !) soit un problème, on ne le sait que trop. Mais que le pouvoir ait si peu conscience de lui-même qu'il accepte de telles indélicatesses est effarant. Je me demande ce qu'en penserait le président de la République.

Ce n'est rien, diront certains. C'est dérisoire, soutiendront beaucoup. Pour moi, "ça veut dire beaucoup".

Si j'étais le seul de cet avis, pour une fois j'en serais marri.

Philippe Bilger
Philippe Bilger
Magistrat honoraire - Magistrat honoraire et président de l'Institut de la parole

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