Les gilets jaunes ont subi, samedi, de la part du pouvoir politico-médiatique un traitement devenu classique dans nos post-démocraties : sous-estimation des manifestants, provocations policières, champ libre laissé aux casseurs et accusation de fascisme. Cela permet de faire passer deux messages potentiellement démobilisateurs : vous comptez pour rien et vous n’êtes pas dignes de respect. Les vétérans de la Manif pour tous s’en souviennent...

Malgré cette offensive, des gilets jaunes ont décidé de lancer l’acte III de la mobilisation, une mobilisation qui ne concerne plus seulement la hausse des taxes sur les carburants, ni même la contestation plus large concernant le volume des prélèvements et leur usage, mais qui visent la classe dirigeante et son représentant emblématique : Emmanuel Macron. On ne peut que se féliciter de la ténacité de ces gilets jaunes, mais puisque l’adversaire désigné est Emmanuel Macron, il devient indispensable d’évaluer correctement la force et le tempérament de l’ennemi.

Disons-le sans ambages : la force d’Emmanuel Macron est considérable, non pas qu’il ait une forte personnalité, mais simplement du fait de notre Constitution qui concentre les derniers restes de souveraineté dans les mains du président de la République et qui rend sa destitution quasiment impossible. Emmanuel Macron est conscient de cette force, comme en atteste sa fameuse bravade "Qu’ils viennent me chercher !" Il se croit intouchable et il jouit de ce sentiment de toute-puissance.

Ce qui pose, d’emblée, la question de son tempérament. Depuis dix-huit mois, plusieurs observateurs comme Emmanuel Todd ou le psychologue italien Adriano Sagatori et de nombreuses analyses, notamment autour du traitement du général de Villiers, de la correction publique du lycéen auteur du "Salut Manu !" ou encore de son tweet du 24 novembre, dévoilent progressivement un visage inquiétant : celui d’un homme froid, sans doute manipulateur, qui aime séduire ceux qui peuvent accroître son pouvoir ou l’estime de lui-même, mais qui aime aussi, en retour, humilier ceux qui sont tombés sous sa coupe. Et il n’aura échappé à personne que, depuis le mois de mai 2017, ceux qui ont été séduits et qui sont tombés sous sa coupe, ce sont les 67 millions de Français.

Ce faisant, les gilets jaunes – mais également ceux qui les critiquent - ne doivent s’attendre à aucune écoute réelle de la part du Président, aucune considération, aucune compassion. Il n’y aura aucun allègement de taxes, aucun moratoire sur les flux migratoires, aucune amélioration du fonctionnement de la Justice, aucun rééquilibrage dans le deux poids deux mesures. S’il en a la possibilité, Emmanuel Macron continuera à écraser les Français de taxes, d’injures et de violences. Emmanuel Macron se moque des Gaulois réfractaires coincés dans les ronds-points, des problèmes d’approvisionnement dans les grandes surfaces et des violences connexes aux manifestations. Si la France entière finit par ressembler aux Champs-Élysées le soir du 24 novembre, Emmanuel Macron profitera du spectacle tel Néron devant l’incendie de Rome.

La seule manière de faire plier Emmanuel Macron, c’est de lui opposer une force supérieure à la sienne, supérieure à celle d’un président de la Ve République soutenu par l’oligarchie mondialiste ! C’est une force considérable, une force que seuls l’unité du peuple et l’héroïsme de ses leaders peut procurer. Mieux vaut avoir cela en tête en préparant l’acte III.

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26 novembre 2018 à 13:35

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