La France aime les anniversaires ! Pas seulement pour les bougies, mais aussi pour les discours et les bénéfices populaires que l'on peut en tirer. Le Président Macron va marquer le 60e anniversaire de la Constitution française par deux manifestations.

Tout d'abord, il ira rendre hommage à son fondateur à Colombey-les-Deux-Églises. Afin de marquer toute sa vénération au Général et symboliser avec modestie - mais force - son admiration pour le célébrissime novateur, il a précédemment adopté sans tambour ni trompette la croix de Lorraine sur son blason présidentiel. Comme s'il était adoubé par le grand homme...

Puis, le nouveau réformateur de notre Bible républicaine se déplacera au Conseil constitutionnel où il prononcera un important discours devant un parterre de 200 invités, parmi lesquels une quinzaine de chefs de Cours suprêmes étrangères. La France n'exporte pas seulement des Rafale, elle étend le champ du droit à l'étranger.

C'est d'ailleurs, sans doute, en écho à son grand message à l'ONU qu'il s'adressera, dans un cadre plus intime mais hautement solennel, à une petite élite judiciaire du monde.

Ces événements sont le prélude à la modernisation de notre Constitution voulue par le Président. Certes, quelques modifications ont déjà fait l'objet d'un consensus parlementaire, comme la suppression du mot "race" ou l'interdiction de la "distinction de sexe". Elles avalisent la mode du genre essentiellement égalitaire qui ne bouleverse pas de manière fondamentale le fonctionnement de notre République.

En revanche, d'autres réformes plus conséquentes sur le droit et le fonctionnement des institutions se heurtent à des réticences, voire des oppositions marquées, surtout par les intéressés qui en subiront les effets. Ainsi, la diminution de 30 % du nombre de parlementaires et la limitation à trois mandats successifs n'enthousiasment guère ces élus, et particulièrement du côté du palais du Luxembourg...

D'ailleurs, le Sénat possède sur ce sujet un quasi-droit de veto qui n'augure pas d'une satisfaction anticipée du Président Macron...

Le même souhaite aussi la suppression de la Cour de justice de la République. Là, c'est alors le peuple, celui qui « gouverne » - art. 2 –, qui pourrait redouter l’absence de la légère épée de Damoclès qui pendait jusqu'alors sur le chef d’État « garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des traités » - art. 5 ! Et exiger, par exemple, désormais, qu'il prête serment d'être garant de la Constitution.

Si, d'aventure, l'obstacle parlementaire à la réforme ne pouvait être franchi, il pourrait être déjoué par un référendum.

C'est alors qu'il faudrait dûment instruire et convaincre les citoyens, et pas sûr que la seule troupe de La République en marche y parviendrait. Rappelez-vous, même de Gaulle n’y réussit pas et fut promptement débouté !

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03 octobre 2018 à 18:48

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