Pour Donald Trump, l’OTAN coûte trop cher aux USA ? Dissolvons l’OTAN !

Ce mercredi 11 juillet sera à haut risque pour ce qui demeure de construction européenne, avec la venue de Donald Trump au sommet de l’OTAN à Bruxelles, sachant qu’avec le très pétulant président, la porte demeure ouverte à tous les possibles. On dira ce que bon semble de lui, mais au moins a-t-il le mérite de révolutionner les habituels usages. Loin des discours feutrés et de la traditionnelle langue de coton diplomatique, ce satrape est « révolutionnaire » au sens littéral du terme – celui de « révolution » ne signifiant rien d’autre qu’un retour aux temps d’avant.

Et « avant », les alliances conclues l’étaient pour être ensuite trahies. La loi du plus fort était communément admise. "Nous faisons face à un pouvoir brutal qui cherche à humilier", se plaint ainsi un diplomate européen cité par Le Figaro. Simple retour aux sources, donc. Autrefois, les USA mettaient à peu près les formes avant d’humilier leurs alliés. Ces élégances ne semblent plus être de mise.

Mais, au fait, l’hypocrisie majeure n’est-elle tout simplement pas la persistance même de l’OTAN ? Soit un organisme créé pour contrer une menace militaire soviétique alors très surévaluée, même en pleine guerre froide, et ayant déclenché la naissance d’un autre pacte, celui de Varsovie. Après la chute de l’URSS, alors que ces deux entités étaient censées disparaître – ce fut même signé sur un traité aussitôt oublié –, l’une est toujours là et continue d’occuper toute l’Europe de l’Ouest tout en gagnant sans cesse du terrain à l’Est. Ce dispositif coûte une véritable fortune à la Maison-Blanche, d’où la raison de cette visite éclair, Donald Trump devant ensuite s’envoler à Moscou pour s’entretenir avec un autre homme fort - Vladimir Poutine -, loin de ces petits soucis domestiques causés par son vassal européen.

Non sans raison, notre homme considère que l’effort financier destiné à maintenir cette structure en place repose principalement sur son seul pays. Et que les économies budgétaires réalisées de fait par des nations telles que l’Allemagne, qui ne consacre que 1,24 % de son PIB – pour faire quoi, on se le demande –, permettent à ces mêmes Allemands d’inonder le territoire américain de ses puissantes berlines.

Voilà qui appelle au moins deux autres questions. La première consiste à savoir pourquoi les Européens devraient mettre la main à la poche pour subventionner l’occupant. La seconde est plus simple : à quoi sert, aujourd’hui, l’OTAN et quel est son véritable bilan ? Ce pacte est certes censé nous protéger. Mais contre quelles invasions ? Une attaque massive de la soldatesque iranienne ? Soyons sérieux et laissons la question du terrorisme « islamiste » de côté, ce genre de conflits asymétriques ne pouvant se régler que par l’action conjointe de la police et des services secrets.

Pour le reste, on constatera que l’OTAN n’a, pour l’instant, servi qu’à mener des guerres américaines, voire d’obédience israélienne (deux fois en Irak, lesquelles ont très logiquement amené la création de Daech), sans oublier celle menée contre la Serbie, ayant consisté à lui arracher le Kosovo tout en mettant au pouvoir des islamistes autant mafieux que financés par les wahhabites saoudiens. Et en attendant une autre équipée contre Téhéran ? Le pacte de Varsovie, lui, était plus sage et, surtout, moins belligène.

Le général de Gaulle avait été tout aussi sage de nous faire quitter cette organisation dont les bases d’occupation ne cessaient de croître de manière inversement proportionnelle aux périls censés nous menacer. Nicolas Sarkozy nous a obligés à la réintégrer alors que, justement, rien ne l’y obligeait. Qu’on la dissolve, donc. Que l’Europe reprenne son indépendance militaire et son destin en main. Voilà peut-être le genre de discours qu’il faudrait tenir à Donald Trump ; discours que, paradoxalement, lui seul pourrait entendre.

Mais pour cela, il nous faudrait peut-être d’autres personnes que des Merkel ou des Macron. Le salut viendra-t-il de l’Italie ? Il n’est pas interdit d’y croire, tant leur volonté paraît manifeste de se débarrasser de toutes formes d’immigrés clandestins.

Renvoyer ceux qui cabotent sur des barcasses, c’est bien. Faire de même des autres, qui font les beaux sur des porte-avions, serait encore mieux.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 05/08/2018 à 19:15.
Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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