Politique-fiction : Laurent Wauquiez et Marine Le Pen à la même table !

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À quoi bon effectuer, moins de six mois après l’élection présidentielle, un sondage pour prévoir quels seraient les résultats si le premier tour avait lieu aujourd’hui ? Les conditions sont différentes, point de campagne électorale, plusieurs partis sont plus ou moins en crise… Avec cette manie des sondages, on va finir par greffer sur chaque Français une puce électronique qui indiquera, chaque matin, son humeur à l’égard du pouvoir.

Le seul intérêt d’une telle étude est de connaître l’évolution des intentions de vote après les péripéties politiques qui ont suivi l’élection, ce qui permet de faire un peu de politique-fiction.

Un sondage de l’IFOP, réalisé pour le JDD, nous apprend ainsi qu’Emmanuel Macron enregistrerait une hausse de quatre points (28 % contre 24,01 %), Marine Le Pen resterait stable (21,5 % au lieu de 21,3 %), Jean-Luc Mélenchon serait en léger recul (18 % contre 19,58 %), les candidats d’extrême gauche et le PS progressant très légèrement à ses dépens. Quant à François Fillon, parti de 20,1 %, il plongerait à 15 %. Mais ce score est-il significatif quand sait qu’il n’est pas en situation de se représenter ?

Il apparaît, aussi, que Macron mord sur la droite puisque, toujours d’après ce sondage, 20 % des électeurs de François Fillon et 19 % des électeurs de Nicolas Dupont-Aignan voteraient aujourd’hui pour lui. Plus du tiers des électeurs de Nicolas Sarkozy en 2012 feraient de même. Le sondage voudrait-il montrer qu’une partie de la droite est séduite par Macron ou lui fait confiance pour réformer l’État ? Ce ne serait pas un scoop : le phénomène s’est déjà produit avant le premier tour, entre les deux tours, et depuis l’élection.

Confirmation nous est donnée, à supposer qu’on en doutât, que des adhérents et sympathisants de la droite et du centre se retrouvent dans les principales orientations du nouveau président de la République. Constructifs sincères ou opportunistes, opposants plus ou moins convaincus, ils ont du mal à se distinguer et à défendre des positions différentes en matière économique, voire dans le domaine sociétal.

Cela devrait conduire ceux qui prétendent construire une droite qui n’a pas honte d’elle-même, comme Laurent Wauquiez et quelques autres, à ne pas hésiter à se démarquer sur des thèmes comme la souveraineté, l’immigration, la sécurité, la défense des valeurs familiales, la PMA généralisée. Ils devraient aussi cesser d’ostraciser le Front national qui, depuis longtemps, a compris que ces problèmes touchaient à la conception même de la civilisation.

L’enseignement le plus important de ce sondage, c’est, en effet, la stabilité du score de Marine Le Pen. Celle que la plupart des médias s’imaginent sur la pente du déclin, dont le parti serait moribond et ne se relèverait pas malgré ses efforts de refondation, ne se porte finalement pas si mal. Les Français la placeraient de nouveau en deuxième position !

Allons jusqu’au bout de cette élection fictive : si l’on ne veut pas que le scénario du 7 mai se répète, il faut que la droite qui croit encore à la souveraineté de la France et ne se résout pas à la voir disparaître dans une Europe supranationale accepte de discuter avec les dirigeants du Front national pour essayer de trouver une plate-forme commune de gouvernement. Laurent Wauquiez et Marine Le Pen à une même table : pourquoi pas ? Chacun devra, sans doute, faire quelques concessions, mais c’est la France, au bout du compte, qui y gagnera !

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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