La politique économique d’Emmanuel Macron est-elle en train d’échouer ?

M. Macron, qui, jusqu’alors, était servi par une chance insolente, vient de subir ses premiers revers dans le domaine économique, et ce sont des décisions prises par son gouvernement qui induisent ces déconvenues. En effet, la croissance a fortement ralenti à 0,2 % (au lieu de 0,7 % au premier trimestre 2017). Si notre PIB croîtra (peut-être, si tout va bien) de 1,9 % en 2018, les deux tiers de ce chiffre (médiocre) seront la conséquence de notre croissance de 2017 (qui est due en grande partie à M. Hollande). Or, ce ralentissement résulte de l’augmentation des impôts décidée par le gouvernement Philippe.

Certes, le pouvoir clame urbi et orbi qu’il a baissé les prélèvements fiscaux, mais c’est faux (sauf pour 1 % des Français les plus riches). La baisse des cotisations sociales se faisant en deux temps, celle de janvier a à peine compensé l’explosion de la CSG pour les salariés du privé. Mais une grosse moitié de Français, qui sont soit indépendants, soit retraités, soit fonctionnaires, ont vu leur pouvoir d’achat sévèrement amputé et ont donc restreint leurs achats. En outre, les taxes sur l’essence ont considérablement augmenté et ont eu un fort effet récessif. Le pouvoir a cyniquement caché cette spoliation des classes populaires et moyennes en prétendant, contre toute vraisemblance, qu’il s’agissait d’un impôt écologique, comme si ce type de prélèvement faisait moins mal au portefeuille parce qu’il est prétendument vert. Comble de malheur, le prix du pétrole s’est envolé suite à la décision de M. Trump de se retirer du traité avec l’Iran, amenant l’essence à des sommets inconnus (provisoires, malheureusement, ils risquent d’être bientôt dépassés).

La langueur économique va sans doute durer jusqu’au dernier trimestre 2018. La suppression des cotisations sociales en octobre 2018 et la baisse d’un tiers de la taxe d’habitation en novembre 2018 redonneront un coup de fouet à la consommation, mais cet effet bénéfique sera malheureusement de courte durée. Car en janvier, le prélèvement à la source va se mettre en place. Or, ce mécanisme aura un indiscutable effet récessif, car la moitié de nos compatriotes ne payaient leur premier tiers qu’à la fin mars et ils devront régler leur impôt sur le revenu avec deux mois d’avance. Mais, surtout, on ne tiendra pas compte des déductions d’impôts (frais de garde des enfants, emploi à domicile, etc.), ce qui obligera des millions de Français à faire des avances de trésorerie à l’État dont le montant total s’élèvera sans doute à plusieurs milliards d’euros. Nos compatriotes ne récupéreront ces sommes que fin septembre 2019 et ils se serreront donc la ceinture les trois premiers trimestres de l’an prochain, faisant plonger la consommation et la croissance.

Le taux de chômage, qui a bizarrement chuté de 0,8 % il y a six mois, a aussi inexplicablement augmenté de 0,3 % le trimestre suivant, jetant un doute sur ces statistiques. M. Macron, qui se vantait de faire descendre le taux de sans-emploi à 7 %, aura bien du mal à ne pas dépasser les 9 %, même si aucun krach ne se produit en 2019.

L’effet Macron est déjà fini et nous sommes retombés dans notre ornière habituelle. Or, le pire est à venir : une nouvelle crise économique, sans doute plus terrible que celle de 1929 ou celle de 2008, va probablement éclater en 2019.

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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