Il y a quelques semaines, un groupe de médecins a fait paraître un article dans la presse accusant leurs confrères utilisant l'homéopathie d’être plus ou moins des charlatans. La réponse ne s'est pas fait attendre et les médecins homéopathes ont accusé, à leur tour, les médecins signataires de ce billet de mauvaise confraternité auprès du conseil de l'Ordre. L'ordre national des médecins a donc édité un communiqué daté du 19 juin intitulé Médecines alternatives et complémentaires.

Contrairement à ce qu'ont écrit certains journaux, l'Ordre n'a pas pris position contre l'homéopathie mais a simplement rappelé aux médecins qu'ils devaient utiliser des thérapeutiques éprouvées et n’utiliser des médecines alternatives ou différentes qu'en complément de ces thérapeutiques reconnues.

Mais il n'en fallait pas plus pour que des commentateurs ignorants nous expliquent que l'effet thérapeutique des remèdes homéopathiques ne pouvait être qu'un effet placebo car on ne peut en expliquer le mode d’action. Certes, l'effet placebo est plus important avec l'homéopathie qu’avec l’allopathie (écoute différente, demande particulière du malade, etc.), mais c'est faire preuve d'une stupide ignorance de penser que parce qu'on ne peut pas expliquer un phénomène physico-chimique, il ne puisse s’agir que d'un effet placebo. L'homéopathie ne se résume pas à une simple dilution de substances actives dans un substrat, comme certains l’écrivent.

Hélas, cette thérapeutique, parce qu'elle s'appuie essentiellement sur des signes cliniques très souvent subjectifs, est aléatoire ; elle peut être remarquablement efficace - il suffit, pour s'en convaincre, de prendre des granules d'arnica en 15 CH à la suite d'un traumatisme - mais elle peut aussi être parfaitement inefficace si le choix de la substance est erroné ou si les capacités de réaction du sujet sont émoussées.

On comprend donc aisément que l'Ordre ne puisse pas accepter cette thérapeutique comme étant le moyen le plus sûr pour espérer apporter une guérison aux malades et demande aux médecins de n'utiliser l'homéopathie (ou l'acupuncture) qu'en seconde intention ou comme thérapeutique complémentaire. De même, l'Ordre a parfaitement raison en indiquant que « médecin homéopathe » n’est pas un titre, car il s'agit d'une inclinaison thérapeutique et non d'une spécialité en soi.

Quant à l'argument « massue » que certains avancent en arguant que les remèdes homéopathiques n'ont pas fait la preuve scientifique de leur efficacité, qu’ils laissent le soin aux homéopathes de définir les protocoles de ces études pour pouvoir juger.

Est-on forcement stupide si l’on n’a pas passé de tests de QI ?

Assimiler l'homéopathie à un super placebo est un résumé simpliste qui évite d’avoir à se poser des questions, et vouloir considérer que l'allopathie est la seule thérapeutique possible est d'une arrogance intellectuelle que seul peut justifier le poids économique et relationnel de l'industrie pharmaceutique.

L'Ordre a donc raison en demandant aux médecins d'appliquer les thérapeutiques les plus réputées, les plus connues et les plus efficaces avant d'envisager d'avoir recours à d'autres moyens thérapeutiques plus aléatoires, mais qui ne sont pas pour autant dénués d'intérêt. Tous les médecins qui utilisent l'homéopathie (entre autres) sont loin d'être des charlatans, et certains de leurs détracteurs pourraient prendre exemple sur eux quant aux soins qu'ils apportent aux malades.

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24 juin 2018 à 7:41

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