PMA : catholiques face à votre responsabilité de citoyen…

Hier, une amie m’informait qu’elle venait de recevoir un mail d’une personne "bien-pensante" de ses connaissances qui l’appelait à se préparer à une nouvelle mobilisation, comparable à celle que nous connûmes en 2013 contre le mariage homosexuel. Probablement un mail du type de celui que reçurent nombre de mes amis le samedi 22 avril matin - alors même que la campagne du premier tour était légalement terminée ! -, appelant à voter François Fillon au nom de la défense des valeurs traditionnelles. Initiative qui, du reste, ne fut pas réitérée le 6 mai matin au profit de Marine Le Pen pour faire barrage à Emmanuel Macron…

Eh oui, se préparer à une mobilisation car les choses n’ont pas traîné, comme on pouvait s’en douter : la PMA pour les couples de femmes est dans le tube, si j’ose dire, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) ayant rendu, comme chacun sait, son avis - hasard du calendrier sans doute - au lendemain même de la marche des fiertés.

Une mobilisation qui me semble pourtant venir après la bataille. Car ce qui est en train de se mettre en place était écrit. Pas dans le ciel mais dans le programme du candidat Macron : "La filiation est toujours un engagement, un statut que l’on endosse en se déclarant parent d’un enfant au regard du droit et en assumant les responsabilités qu’implique ce statut. Elle peut être fondée non seulement sur la procréation, ce qui est le cas le plus fréquent, mais aussi sur l’adoption, et de plus en plus sur l’engendrement avec un tiers donneur (de sperme, d’ovocyte) dans le cadre de la procréation médicalement assistée. Ces trois façons de devenir parents doivent être reconnues à égalité de droit et de dignité." Au passage, se réfugier derrière l’avis du CCNE, comme on l’entend ces derniers jours, est particulièrement hypocrite puisque tout, je le répète, était écrit dans le programme.

J’ai la cruauté de rappeler la position de la candidate Marine Le Pen sur ce sujet : "Interdiction de la GPA et réserver la PMA comme réponse médicale aux problèmes de stérilité." On ne peut être plus clair.

71 % : c’est le score d’Emmanuel Macron chez les catholiques pratiquants réguliers au second tour de la présidentielle, selon un sondage réalisé par l’IFOP pour Le Pèlerin et La Croix. Au premier tour de cette même élection, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan n’avaient obtenu à eux deux que 14 % chez cette même catégorie.

Moins statistique, plus anecdotique : je connais un petit village, quelque part en France, où une importante communauté religieuse catholique est implantée. Eh bien, Emmanuel Macron et son clone législatif y ont fait des scores quasi soviétiques…

Et ne parlons pas de certains épiscopes qui appelèrent, de façon plus ou moins explicite à "faire barrage" à Marine Le Pen ! "Le 7 mai, quel bulletin de vote ? Pas celui de la peur, de la haine, du rejet, du mensonge, de l’exclusion, du repli : c’est l’opposé de l’Évangile" (Mgr Stenger, évêque de Troyes). "Nous ne pouvons pas considérer comme anodine la présence au second tour d’un parti qui, historiquement, a toujours été porteur d’un discours nationaliste dangereux dont la mise en œuvre serait désastreuse… C’est pourquoi aujourd’hui nous tenons à rappeler ensemble que nous sommes et serons toujours clairement engagés pour que reculent les discriminations, les inégalités, la violence, la xénophobie et toutes les paroles de haine qui fracturent notre société" (déclaration commune des responsables des églises chrétiennes de Lyon, dont SE Mgr Barbarin, cardinal archevêque de Lyon).

En toute chose, il faut être cohérent. Espérons que ces clercs auront au moins la décence de rester dans leur sacristie le moment venu. Mieux : dans leurs chapelles privées. Pour ma (petite) part, j’ai fait mon devoir : j’ai voté, tant à la présidentielle qu’aux législatives, pour les candidats opposés à la PMA et à la GPA. Alors, manifester ? La prochaine fois, je crois que j'irai à ma séance de poney aquatique.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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