Philippot rejoint Farage au Parlement européen

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Après son départ du FN piteusement maquillé en séparation à l'amiable, Florian Philippot courait le risque de tomber dans l'oubli et de disparaître politiquement. Pour le moment, il parvient tant bien que mal à conjurer cet écueil par une habile stratégie visant à être constamment sous le feu de l'actualité : il a ainsi annoncé en grande pompe la transformation de son association des Patriotes en parti politique. Très actifs sur les réseaux sociaux, ses quelques militants ont récemment fait parler d'eux en reprenant à leur compte l'écriture inclusive, jusque-là considérée comme l'apanage d'une frange névrosée de l'extrême gauche.

Mais il ne suffit pas d'être tous les jours dans le Top 5 des trending topics pour progresser dans les sondages. Car, même s'il ne dit mot, c'est bel et bien l'objectif de Philippot qui lorgne d'ores et déjà vers 2022. Or, si son micro-parti compte dans ses rangs des élus et des apparatchiks, il manque cruellement de militants et d'implantation locale. Un parti virtuel, en somme. Pour combler cette inexistence locale, le jeune mouvement se cherche une crédibilité internationale.

Florian Philippot et les deux eurodéputées qui l'ont rejoint (Sophie Montel et Mireille d'Ornano) viennent ainsi d'annoncer qu'ils quittent le groupe dans lequel ils siégeaient pour rejoindre le groupe ELDD (Europe de la liberté et de la démocratie directe), présidé par l'eurosceptique Nigel Farage, figure historique du souverainisme britannique et ancien leader de l'UKIP. Un groupe important, avec ses 45 eurodéputés, dont majoritairement ceux de l'UKIP et du Mouvement 5 étoiles (de l'Italien Beppe Grillo). On rappellera qu'en 2014, Nigel Farage avait refusé de s'allier avec les eurodéputés du FN qu'il jugeait – en bon gentleman propre sur lui – trop extrêmes. L'ancien trader juge les philippotistes plus fréquentables.

Cette adhésion serait le fruit d'une "convergence de vues sur les grandes questions européennes", déclarent les eurodéputés Patriotes dans un communiqué de presse où ils rappellent leur attachement au Frexit et aux référendums pour "redonner le pouvoir aux peuples".

Il est intéressant de faire un parallèle entre Florian Philippot et Nigel Farage. Ce dernier est, comme son homologue français, un souverainiste convaincu et un adversaire acharné de l'Union européenne. Ils ont pour autre point commun d'être tous deux issus de grandes écoles et d'avoir travaillé pour ce Système tant honni par eux. Enfin, à l'instar du jeune énarque, Farage a quitté son ancien parti tout en gardant son siège d'eurodéputé jusqu'aux élections de 2019, date à laquelle le groupe ELDD devrait disparaître, du fait du Brexit.

C'est donc un nationalisme lisse, propre sur lui et "fréquentable" que nos deux gentlemen veulent initier, au risque (ou avec le dessein) d'affaiblir leurs anciens partis. Ce qui amène certains à se demander – ici comme outre-Manche – si ces messieurs ne sont pas des leurres (ou, du moins, des idiots utiles) du Système qu'ils prétendent combattre.

Nicolas Kirkitadze
Nicolas Kirkitadze
Etudiant en Histoire

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