Paul-Marie Coûteaux analyse, pour Boulevard Voltaire, le discours d'Emmanuel Macron prononcé, lundi, devant les ambassadeurs, ainsi que la démission de Nicolas Hulot.

Dans son discours aux ambassadeurs, Emmanuel Macron a dit que le retour des identités européennes était en soit plutôt une bonne nouvelle. Comment interprétez-vous cette parole du Président ?

Cela fait partie du personnage. Il erre d'une conception des choses à une autre. Il appelle cela le ''en même temps''. Cette forme de pensée lui a permis entre autres choses d'accéder aux plus hautes fonctions de l'Etat. Elle est certainement bonne pour les élections et pour embobiner un nombre de personnes aussi large que possible. Dire une chose est son contraire est intrinsèque à la vieille roublardise politicienne. Cependant, elle finit par être inopérante dès qu'il s'agit d'agir et de gouverner. En matière diplomatique, certes il faut d'être ambigu quelquefois, mais il faut tout de même avoir une conception du monde.
Ce discours est assez long et pénible à lire. J'ai toutefois noté que tout en voulant garder un équilibre entre deux conceptions, il maintient le cadre. Il endosse, approuve et assume la mondialisation. Le péché est là. Il découvre que ''la mondialisation ne permet pas de répondre à tout et qu'elle a même échoué de répondre à quelques points''. Ce n'est pas du très bon français, mais je cite exactement.
Cela montre que même s'il essaye de prendre en compte la réalité qu'il aperçoit malgré tout, il reste prisonnier des très vieux cadres qui gouvernent depuis 40 ans.
Macron fait de la très vieille politique. Il joue au jeune premier, mais c'est du Ripolin qui n'a pu tromper que des gogos. Ils ont été nombreux, mais il faut dire que l'opération médiatique était parfaitement orchestrée et a porté ses fruits.
Pour revenir au discours aux ambassadeurs, il faut rappeler que cet exercice à des limites. Un pays ne peut pas aller très loin dans la divulgation de sa diplomatie. Pendant longtemps, les présidents recevaient les ambassadeurs. Cette coutume a été remplacée par cet exercice de baratin au grand jour qui est le contraire même de la diplomatie. Quand la France avait encore une diplomatie, du temps du général De Gaulle, de Pompidou et même de Giscard, il n'y avait pas de conférence des ambassadeurs. C'est une chose très neuve qui n'a qu'une portée très limitée. Cela prouve qu'on substitue le baratin à l'action. Et après ce discours, on ne voit pas très bien où on va.

La souveraineté et l'identité sont des thèmes plutôt de droite. La droite ne risque-t-elle pas de se faire confisquer ses vieux sujets ?

Si la droite se pensait elle aurait le monopole de la souveraineté et de l'identité, et personne ne viendrait lui piquer. On pourrait d'ailleurs rajouter l'écologie qui est par essence un thème conservateur. Si ces thèmes faisaient vraiment partie de son logiciel et qu'on avait un tant soit peu pensé un programme de droite, la gauche macronienne, socialiste ou communiste ne butinerait pas sur ces plates bandes-là.
J'ajoute que leur conception de la souveraineté est totalement vaseuse. Il parle de souveraineté européenne. Or, il n'y a pas de peuple européen. Il n'a pas d'Etat européen. On ne peut donc pas dire qu'il est souverain. Tout cela est de la bouillie pour les chats, du yaourt philosophique et de la choucroute métaphysique.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 29/08/2018 à 20:39.

3957 vues

28 août 2018 à 19:41

Pas encore abonné à La Quotidienne de BV ?

Abonnez-vous en quelques secondes ! Vous recevrez chaque matin par email les articles d'actualité de Boulevard Voltaire.

Vous pourrez vous désabonner à tout moment. C'est parti !

Je m'inscris gratuitement

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.